L’Afrique est le continent où l’Internet mobile est le plus cher au monde, selon l’UIT. Les populations africaines dépensent en moyenne 4,9% du RNB mensuel par habitant pour accéder à un forfait mensuel décent. La moyenne mondiale est de 1,3%.
En 2023, le coût d'accès à l'Internet mobile en Afrique de l'Ouest s'est avéré plus abordable au Nigeria, au Ghana et en Côte d’Ivoire, selon des données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence spécialisée des Nations unies pour les technologies de l'information et de la communication.
Au Nigeria, il faudra débourser 1,61% du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant pour accéder au forfait mobile à large bande le moins cher fournissant au moins 2 Go de données mensuelles en utilisant au moins la technologie 3G. Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le coût est respectivement de 1,94% et de 2% du RNB mensuel par habitant pour avoir accès au même type de forfait.
Selon les recommandations de l’UIT, Internet est considéré comme abordable quand son coût est égal à 2% ou moins du RNB mensuel par habitant. En Afrique de l’Ouest, seuls le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont dans les clous. En Afrique, la moyenne s’est établie en 2023 autour de 4,9% du RNB mensuel par habitant. Le Sénégal (2,47%) et la Mauritanie (3,01%) sont en deçà de ce chiffre.
Quant à la Guinée-Bissau, au Burkina Faso et à la Gambie, ce sont les pays où l’Internet mobile est le plus cher dans la sous-région ouest-africaine. Pour les populations de ces pays, il faudra respectivement dépenser 9,79%, 9,81% et 11% du RNB mensuel par habitant pour accéder au forfait susmentionné.
Source : UIT
Diverses raisons expliquent la cherté d’Internet dans ces pays. Selon le rapport « The State of Broadband 2024: Leveraging AI for Universal Connectivity » publié en juin 2024, la Broadband Commission estime que « le manque d'accessibilité financière reste un obstacle majeur à l'accès à l’Internet, en particulier dans les économies à faible revenu ». Et d’ajouter : « par rapport aux prix pratiqués dans les économies à revenu élevé, le panier de services mobiles à large bande est 5,5 fois moins abordable dans les économies à revenu moyen inférieur et plus de 20 fois moins abordable dans les économies à faible revenu ».
Le rapport « State of Mobile Internet Connectivity 2024 » de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie, de son côté, indique que l'Afrique subsaharienne est la région où l'écart de couverture est le plus élevé, avec 13 %. Cela est principalement attribuable au manque d'infrastructures de télécommunications, obligeant certains marchés à compenser leur rareté en appliquant des tarifs élevés pour rentabiliser les ressources disponibles. « Les réseaux à large bande fixe sont très coûteux à déployer, à entretenir et à mettre à niveau, en fonction de la géographie et de l'extension du territoire à couvrir », a affirmé l’UIT.
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique fait partie des priorités du gouvernement béninois. Par exemple, l’exécutif prévoit de consacrer un budget de 16,4 milliards FCFA aux projets numériques en 2025.
Le gouvernement béninois prévoit de connecter 18 communes supplémentaires à la fibre optique d’ici mi-2025 dans le cadre de son ambition de généraliser l’accès au haut débit dans toutes les 77 communes du pays (photo). C’est ce qu’a révélé Aurelie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation, le jeudi 21 novembre au cours de l’émission « PAG 2021-2026 : reddition de comptes » sur la télévision nationale.
Selon la ministre, le déploiement de la fibre optique dans les nouvelles communes permettra de renforcer la dorsale nationale qui relie déjà 50 communes sur environ 2550 km. A terme, le gouvernement cible une couverture totale de 3300 km de fibre optique. De plus, neuf autres communes seront connectées grâce à des technologies alternatives.
Ces plans du gouvernement font partie du projet de déploiement de l’Internet haut et très haut débit sur l’ensemble du territoire national qui vise à « apporter le haut et le très haut débit au plus près des populations et des entreprises béninoises par le biais des investissements publics et privés ». D’un coût estimé à environ 207 milliards de francs CFA (330,63 millions $), l’initiative elle-même s'inscrit dans le cadre du Programme d’action du gouvernement 2021-2026. L’exécutif cherche à « transformer le Bénin en la plateforme de services numériques de l’Afrique de l’Ouest pour l’accélération de la croissance et l’inclusion sociale ».
Amélioration de la couverture et de l’usage
Le projet du gouvernement pourrait contribuer à améliorer la couverture de la population en services de télécommunications, en particulier l’Internet. Le gouvernement revendique un taux de couverture de la 4G de l’ordre de 90 %. Ces données sont confirmées par la plateforme ICT DataHub de l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’organisation ajoute que la 2G et la 3G couvrent respectivement 98 % et 90 % de la population. La 5G quant à elle est en début de commercialisation.
En ce qui concerne l’usage, l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) a recensé 11,06 millions d’abonnés à l’Internet mobile et 20 000 utilisateurs d’Internet fixe en juin 2024 sur une population estimée à environ 13,7 millions par la Banque mondiale (2023). Le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile s’élève à 17,8 millions, contre 1363 pour la téléphonie fixe. Cependant, l’UIT estime que les taux de pénétration de l’Internet et de la téléphonie mobile sont respectivement de 33,8 % et 53,9 % à fin 2023.
Isaac K. Kassouwi
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Les Etats du Nigeria multiplient les initiatives pour accélérer leur transformation numérique dans le cadre de l’objectif du gouvernement fédéral. L’initiative touche tous les secteurs de l’économie, dont l’éducation.
Au Nigeria, le Territoire de la capitale fédérale (FCT) envisage de déployer plus de 1000 ordinateurs portables dans ses écoles secondaires. D’un coût estimé à environ 990 millions de nairas (environ 589 000 $), l’acquisition de ces appareils a été approuvée par le Conseil exécutif du FCT lors de sa réunion du lundi 25 novembre.
Selon Danlami Hayyo, secrétaire à l’éducation du FCT, les ordinateurs portables seront préchargés avec des contenus éducatifs et des matériaux d’apprentissage axés sur les compétences professionnelles.
« Les écoles du FCT vont maintenant se transformer en système d'éducation numérique, nous allons passer d'une salle de classe normale d'enseignement et d'apprentissage à un système d'apprentissage basé sur l'éducation aux médias », a déclaré Chidi Amadi, chef de cabinet du ministre du FCT.
L’acquisition des ordinateurs portables fait partie d’une stratégie plus large visant à numériser le système éducatif afin d’améliorer la qualité de l’enseignement dans le FCT. Le Conseil exécutif a récemment approuvé un contrat pour l’acquisition de matériels d’examen. En septembre dernier, le FCT a lancé un programme de formation de 3000 enseignants du primaire aux méthodes d'enseignement numérique.
L’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) estime que la technologie numérique offre deux grands types de possibilités. « Premièrement, elle peut améliorer l'enseignement en comblant les lacunes en matière de qualité, en multipliant les occasions de s'exercer, en augmentant le temps disponible et en personnalisant l'enseignement. Deuxièmement, elle peut engager les apprenants en variant la façon dont le contenu est représenté, en stimulant l'interaction et en incitant à la collaboration », peut-on lire dans le Global Education Monitoring Report 2023.
Isaac K. Kassouwi
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Face aux défis de modernisation administrative, la Guinée explore des solutions numériques pour optimiser ses processus. Cette démarche marque un tournant dans la gestion des ressources publiques, avec un accent sur l'innovation et la collaboration internationale.
La Guinée s’inspire du modèle rwandais pour mettre en place son tout premier système numérique de passation des marchés publics. Un nouvel accord stratégique a été signé à cet effet entre le gouvernement guinéen et la Rwanda Cooperation Initiative (RCI) le mercredi 20 novembre, lors d’une réunion présidée par le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah.
Le Rwanda et la Guinée signent un accord stratégique pour moderniser et digitaliser le système des marchés publics en Guinée pic.twitter.com/fk25ryZo5F
— RwandainGuinea (@RwandainGuinea) November 24, 2024
« Nous avons une expertise avérée dans la digitalisation des marchés publics, notamment dans la gestion des finances publiques, et c’est cette expérience que nous souhaitons partager avec la Guinée. Nous avons signé ce contrat pour formaliser notre engagement et accompagner le pays dans la mise en place de ce système numérique », a déclaré Patricie Uwase, directrice générale de la Rwanda Cooperation Initiative.
La signature de ce contrat s’inscrit dans la continuité d’une collaboration amorcée en 2023 entre la RCI et la Guinée, visant à tirer parti de l’expertise rwandaise dans le cadre du projet E-Procurement. Porté par le président de la transition, Mamady Doumbouya, ce projet a pour objectif d’améliorer la transparence, de renforcer l’efficacité des procédures administratives et d’optimiser la gestion des ressources publiques. Il représente également une arme essentielle dans la lutte contre la corruption, qui reste un problème majeur dans la gestion des marchés publics en Guinée, souvent critiquée pour son opacité et ses pratiques douteuses.
Grâce à ce système numérique, le processus d’approvisionnement sera non seulement simplifié, mais aussi mieux contrôlé, garantissant ainsi une traçabilité des transactions. En outre, la numérisation des marchés publics permettra de réduire les délais et les coûts associés, tout en favorisant la confiance des investisseurs étrangers, attirés par des pratiques administratives transparentes et modernes.
En s’appuyant sur l’expérience reconnue du Rwanda, la Guinée espère poser les bases d’une gouvernance efficace et transparente. Si cette initiative est menée à bien, elle pourrait redéfinir les standards de gestion des marchés publics en Afrique de l’Ouest et faire de la Guinée un exemple à suivre en matière d’innovation numérique et de lutte contre la corruption. Le gouvernement vise une mise en œuvre rapide, avec pour objectif que, dès le 1er janvier prochain, tous les plans de passation des marchés publics soient entièrement numérisés.
Samira Njoya
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Les Etats du Nigeria multiplient les initiatives à leur niveau pour accélérer leur transformation numérique dans le cadre de l’objectif du gouvernement fédéral. L’Etat d’Anambra a validé, plus tôt ce mois, un projet de déploiement d'une plateforme de gestion des données.
Le gouvernement de l’Etat de Bauchi au Nigeria s’est associé à la société publique Galaxy Backbone (GBB), spécialisée dans la fourniture de solutions et produits TIC, pour renforcer l’infrastructure numérique et généraliser l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) à travers l’Etat. Les deux parties ont signé un protocole d’accord à cet effet la semaine dernière.
Ce partenariat vise à améliorer la connectivité, développer les compétences locales en TIC, fournir des services de conseil spécialisés et proposer des solutions TIC hébergées. Ces initiatives visent à moderniser la gouvernance et à optimiser la prestation des services publics dans l’Etat de Bauchi. Pour atteindre ces objectifs, GBB s’appuiera notamment sur ses centres de données situés à Abuja et Kano.
La signature de ce protocole d’accord s’inscrit dans la vision du gouverneur Bala Abdulkadir Mohammed de transformer l’Etat en « un pôle d'innovation numérique, garantissant une gouvernance efficace et une meilleure prestation de services pour nos citoyens ». Par exemple, l’Etat travaille à la transformation numérique de son système éducatif avec la mise en place d’un système d'information sur la gestion des enseignants (TMIS) et d’un système d'information sur la gestion de l'éducation.
« Il est attendu que cette collaboration permette de renforcer les infrastructures TIC de l'Etat, grâce aux ressources et à l'expertise de GBB, d'approfondir les services de formation et de conseil, tout en favorisant la croissance économique, attirant des investissements, créant des emplois, et stimulant les opportunités économiques par une connectivité numérique et une prestation de services améliorées au sein de l'Etat », a déclaré GBB dans un communiqué.
Cette initiative pourrait également contribuer à la transformation numérique générale du Nigeria alors que l’économie numérique en Afrique devrait valoir au moins 712 milliards $ en 2050, soit 8,5 % du PIB continental, selon une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google. Dans ce pays, le secteur des TIC a contribué à hauteur de 19,78% au PIB réel au deuxième trimestre 2024 selon les données de la National Bureau of Statistics (NBS).
Isaac K. Kassouwi
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La révolution numérique transforme profondément les économies africaines, plaçant les infrastructures technologiques au cœur de cette mutation. Dans ce contexte, les datacenters émergent comme des leviers essentiels pour garantir l'accès à des services numériques performants et souverains.
Le fournisseur de services cloud camerounais ST DIGITAL a entamé, le vendredi 22 novembre, la construction de son datacenter Tier 3 au sein du parc technologique du VITIB à Grand-Bassam. Ce projet stratégique vise à renforcer la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire et à répondre à la demande croissante en services numériques de pointe.
« Notre datacenter, qui s’étendra sur une superficie de 4000 m², sera une infrastructure de haute sécurité, à la fois à la pointe de la technologie et écoresponsable, avec une empreinte de carbone réduite. Nous avons même envisagé des projets innovants comme la création de lacs artificiels et de potagers en utilisant tout ce qui sort des climatisations », a déclaré Steve Tchouaga, directeur général de ST DIGITAL.
Ce projet intervient dans un contexte où la transformation numérique s’intensifie en Afrique, et où les solutions cloud connaissent une adoption croissante. Le rapport « Africa Cloud Business Survey 2023 » de PwC, publié en février 2024, révèle que 50 % des entreprises africaines ont déjà intégré le cloud dans leurs opérations, et que 61 % prévoient de migrer entièrement vers cette technologie d’ici 2026.
Le futur datacenter, qui devrait être opérationnel d’ici la fin du premier trimestre 2025, proposera des services innovants, tels que des espaces de colocation modulaires, une station d'atterrissage pour câbles sous-marins, et une infrastructure dédiée à l’intelligence artificielle. Pour la Côte d’Ivoire, le datacenter représente un levier stratégique pour accélérer la transformation numérique, développer l’économie locale et positionner Grand-Bassam comme un hub technologique de référence en Afrique de l’Ouest, stimulant ainsi l’innovation et attirant de nouveaux investissements.
Samira Njoya
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Dans un monde de plus en plus tourné vers le numérique, les pays cherchent à renforcer leurs capacités technologiques. Les solutions locales, notamment les logiciels libres et open source, jouent un rôle essentiel dans cette dynamique.
Le ministre algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a présidé, mardi 19 novembre, à l’Université Dr Moulay Tahar de Saïda, le lancement officiel du premier système d’exploitation algérien basé sur Linux. Ce système, développé à partir de logiciels libres et open source, marque une étape clé dans la modernisation numérique du pays et dans le renforcement de ses capacités technologiques.
« Ce système 100 % algérien est le fruit des efforts conjoints d’étudiants et de chercheurs spécialisés dans le domaine du logiciel, issus de plusieurs institutions universitaires. Cette distribution Linux, qui allie facilité d’utilisation et sécurité, contribuera à améliorer les performances des systèmes d’exploitation de nos ordinateurs et à sécuriser nos systèmes d’information. Elle ouvre également la voie à une économie technologique ouverte, en offrant une base solide pour la création de nombreuses start-up dans le domaine des logiciels », a déclaré Kamel Baddari lors de la cérémonie.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale visant à moderniser les universités algériennes et à les positionner comme des hubs d’innovation technologique. L’Université Dr Moulay Tahar de Saïda, qui porte ce projet pionnier, a organisé un concours national mobilisant 10 équipes universitaires pour concevoir ce système d’exploitation. Cette initiative fait écho à d’autres projets technologiques récents, comme le lancement en avril 2023 de la fabrication de la première voiture électrique algérienne, conçue par le Centre de recherche en technologies industrielles (CRTI).
Le lancement du système d’exploitation algérien arrive à un moment où le marché des logiciels open source connaît une forte croissance mondiale. Selon un rapport de la société d'études GitNux de 2024, le marché global de l’open source était évalué à 21,7 milliards de dollars en 2021 et devrait atteindre les 66,84 milliards de dollars 2026. En outre, l’utilisation de logiciels open source permettrait aux entreprises d’économiser environ 60 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale.
Ces données renforcent l’importance de ce projet pour l’Algérie, qui pourrait ainsi se positionner favorablement sur le marché mondial de l'open source, tout en stimulant l’innovation locale. Le système d’exploitation algérien, conçu pour répondre aux besoins de sécurité informatique et d’efficacité, pourrait jouer un rôle central dans la transition numérique du pays, tout en valorisant les talents des jeunes chercheurs et entrepreneurs.
Samira Njoya
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Le gouvernement djiboutien fait de l’économie numérique un pilier de son développement. Afin de garantir sa pleine contribution à la croissance du pays, un grand intérêt est aussi accordé à la sécurité du cyberespace national.
Mariam Hamadou Ali (photo, à gauche), ministre djiboutienne de l’Economie numérique et de l’Innovation, a effectué une visite officielle au Qatar pour discuter de cybersécurité, apprend-on des réseaux sociaux du ministère le mardi 19 novembre. Elle a rencontré en marge de cette visite Abdulrahman bin Ali Al Farahid Al Malki (photo, à droite), le chef de l'Agence nationale de cybersécurité du Qatar. Les discussions ont tourné autour de cette problématique et des « moyens de développer et de renforcer le partenariat dans ce domaine », a rapporté la Qatar news agency.
Cette visite s’inscrit dans la continuité des priorités annoncées par le président de la République de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, lors de la rentrée politique nationale en août dernier. Il avait souligné l’importance du secteur du numérique et des télécommunications pour le développement du pays. Elle intervient également en prélude au lancement imminent de la stratégie nationale de cybersécurité de Djibouti, un projet qui repose sur la création d’alliances stratégiques pour renforcer les capacités du pays face aux cybermenaces.
Selon le rapport « Global Cybersecurity Index 2024 » publié en septembre 2024, l’Union internationale des télécommunications (UIT) classe le pays dans la catégorie Tier 4 avec un score 31,47 sur 100. Pour l’UIT, les pays de cette catégorie ont fait « preuve d'un engagement fondamental en matière de cybersécurité dans le cadre d'actions menées par les pouvoirs publics, qui englobent l'évaluation, l'établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures de cybersécurité généralement acceptées dans au moins un pilier, ou plusieurs indicateurs et/ou sous-indicateurs ».
A l’inverse de Djibouti, le Qatar s’impose comme un modèle en matière de cybersécurité. Selon le rapport de l’UIT susmentionné, le pays a obtenu un score parfait de 100 sur 100 à l’indice mondial de cybersécurité. Pour Djibouti, une coopération avec le Qatar pourrait représenter une opportunité. Parmi les attentes potentielles figurent l’échange d’expertises, le partage d’informations sur les cybermenaces émergentes, le renforcement des infrastructures numériques et des investissements ciblés. Ces collaborations pourraient jouer un rôle clé dans la construction d’un écosystème cyber résilient et performant pour Djibouti.
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique s’impose aujourd’hui comme un levier essentiel pour le développement économique et social à l’échelle mondiale. Les gouvernements et leurs partenaires multiplient les initiatives pour exploiter le potentiel du numérique et réduire les inégalités technologiques.
Le gouvernement ivoirien a procédé, le lundi 18 novembre, au lancement de l’évaluation de l’état de préparation au numérique (DRA) et du projet de référence pour le numérique en Afrique de l’Ouest (Digital Flagship for West Africa). Ces initiatives, menées par le ministère de la Transformation numérique et de la Digitalisation, en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’ambassade d’Italie, visent à renforcer l’écosystème numérique et à propulser la Côte d’Ivoire vers une société connectée et inclusive.
#Économie | Transformation numérique : deux initiatives lancées pour accélérer la digitalisation en Côte d'Ivoire
— Gouvernement de Côte d'Ivoire (@Gouvci) November 19, 2024
Abidjan, le 18 novembre 2024 – L'évaluation de l'état de préparation au numérique (DRA) et le projet de référence pour le numérique en Afrique de l'Ouest (Digital… pic.twitter.com/gWw3sxxtV7
« Bien qu’une simple étape, nous concrétisons ici une vision, celle d’une Côte d’Ivoire résolument engagée sur la voie de la transformation digitale comme préconisé par le président de la République, Alassane Ouattara », a affirmé Ibrahim Kalil Konaté, ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation.
L’évaluation de l’état de préparation au numérique, développée par le PNUD, constitue un outil stratégique pour définir des priorités numériques fondées sur des données probantes. Elle permet également de repérer des opportunités technologiques susceptibles d’accélérer les objectifs de développement durable et d’améliorer l’état de préparation numérique du pays.
Financé par le gouvernement italien, le projet de référence pour le numérique en Afrique de l’Ouest se concentre sur l’amélioration de la connectivité dans les zones rurales et isolées, le renforcement des infrastructures numériques et la création de systèmes numériques publics efficaces.
Ces deux projets s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie nationale de développement numérique à l’horizon 2025, qui vise notamment à connecter l’ensemble du territoire, à développer les compétences numériques des fonctionnaires et des jeunes, et à soutenir l’entrepreneuriat numérique. Grâce aux efforts déjà déployés, la Côte d’Ivoire affiche des progrès remarquables avec plus de 30 240 km de fibre optique installés, couvrant 94,86 % des localités du pays au 31 mars 2024 selon le régulateur télécoms.
Ces nouvelles initiatives devraient permettre de dresser un diagnostic précis des infrastructures existantes, des lacunes à combler et des priorités stratégiques à adopter pour un développement harmonieux du secteur. D’autre part, elles ambitionnent de réduire la fracture numérique en connectant les zones encore dépourvues d’un accès Internet de qualité, renforçant ainsi l’intégration numérique et l’équité territoriale.
Samira Njoya
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Les autorités somaliennes veulent renforcer l’infrastructure numérique. Le régulateur télécoms travaillent avec la Société financière internationale (SFI) pour développer un nouveau cadre réglementaire pour les câbles sous-marins à fibre optique.
Le gouvernement somalien travaille sur l’élaboration d’une politique unifiée de déploiement de la fibre optique pour coordonner et faciliter l’installation de cette infrastructure, ainsi que son extension à travers le pays. Le ministère des Communications et des Technologies a organisé une consultation publique les dimanche 17 et lundi 18 novembre pour recueillir les avis et les contributions des différentes parties prenantes.
« La politique unifiée de déploiement de la fibre optique vise à guider les entreprises de télécommunications nationales vers une collaboration pour l’installation et l’expansion des câbles de fibre optique. Cette initiative permettra de réduire les coûts associés au déploiement et à l’extension des infrastructures de fibre optique, tout en favorisant la croissance de l’économie numérique moderne et l’interconnexion nationale », a déclaré le ministère dans un communiqué publié le dimanche 17 novembre sur sa page Facebook.
Dans son rapport « Digital Economy Diagnostic – Somalia » publié en mars 2024, la Banque mondiale a souligné que le réseau domestique de fibre optique du pays reste largement sous-développé et fragmenté. Elle relève que seuls des segments isolés ont été déployés par des opérateurs sous-régionaux, tandis que les liaisons transfrontalières demeurent faibles. Malgré la connexion de la Somalie à cinq câbles sous-marins internationaux et l’arrivée prévue d’un sixième en 2025, cette infrastructure déficiente entrave une répartition équitable de la capacité disponible.
« L’absence d’un réseau de dorsale robuste empêche la distribution de la capacité internationale à travers le pays, ce qui entraîne un accès inégal au haut débit, une qualité de réseau hétérogène, une redondance limitée et freine la concurrence sur le marché », peut-on lire dans le rapport de l’institution de Bretton Woods.
La densification du réseau national de fibre optique, qui devrait résulter de la mise en œuvre de la politique, peut donc contribuer à améliorer la qualité et la couverture de l’Internet en Somalie. Toutefois, des défis subsistent, comme l’a souligné la Banque mondiale, et ils pourraient freiner l’adoption d’Internet, qui affichait un taux de pénétration de seulement 27,6 % début 2024, d’après DataReportal. Parmi ces obstacles figurent l’accès limité à des appareils abordables et compatibles avec le haut débit, le manque de services attractifs basés sur les données, l’insuffisance de contenu local pertinent, ainsi que le déficit de compétences numériques.
Isaac K. Kassouwi
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Le Malawi numérise son Parlement avec le système « e-Chamber »
Avec l’essor des technologies numériques, les Parlements africains intensifient l’adoption de solutions innovantes pour améliorer leur efficacité. Toutefois, la fracture numérique reste une réalité préoccupante, mettant en lumière la nécessité de redoubler d’efforts.
L’Afrique du Sud (8 sur 10), le Zimbabwe (8), le Sénat du Burundi (7), le Maroc (7) et Maurice (7) figurent en tête des Parlements africains affichant les indices de maturité numérique les plus élevés du continent. Ces données proviennent d'un nouveau rapport publié en octobre 2024 par l'Union interparlementaire (UIP), une organisation mondiale des Parlements des Etats souverains. Le rapport s’appuie sur les réponses recueillies auprès de 115 Parlements ou Chambres dans 86 pays, ainsi que d’organisations parlementaires supranationales.
Intitulé « Rapport mondial 2024 sur l’e-Parlement », le document propose une analyse approfondie de l’utilisation des technologies numériques dans les Parlements mondiaux à travers un indice de maturité numérique, un outil innovant d’analyse comparative. Ce dernier évalue les Parlements selon six domaines clés : la gouvernance, la stratégie et la gestion numérique ; les infrastructures ; les systèmes parlementaires ; le soutien aux utilisateurs ; les contenus numériques et publications ; la participation des citoyens.
« L’objectif de l’analyse comparative n’est pas de dresser un tableau de classement des bons ou mauvais parlements. Il s’agit plutôt d’accompagner la prise de décision stratégique sur l’utilisation des technologies numériques en mettant en évidence les facteurs pouvant affecter la maturité », souligne l’UIP.
Outre les leaders du classement, la Tunisie (6), l’Assemblée nationale du Burundi (5) et le Malawi (5) se distinguent avec des scores supérieurs ou égaux à 5 sur 10. Cependant, l’Afrique subsaharienne reste sous-représentée dans les rangs des plus avancés. Selon l’UIP, 50 % des Parlements de la région figurent parmi les 30 institutions les moins performantes en matière de maturité numérique. Cette situation est attribuable à un manque d’initiatives de modernisation, à des investissements insuffisants dans les nouveaux systèmes numériques et à l’absence de programmes de transformation numérique ambitieux.
En bas du classement, les Parlements de pays comme Djibouti, le Lesotho, Madagascar et la République centrafricaine affichent une moyenne d’indice de maturité numérique de 1 sur 10, mettant en lumière des écarts significatifs dans l’adoption des technologies numériques.
Pour combler ces lacunes, le rapport recommande, entre autres, aux institutions et aux gouvernements d’élaborer des visions stratégiques claires et des stratégies numériques globales ; d’allouer des ressources financières, humaines et technologiques adéquates ; de mettre en place des cadres rigoureux de gouvernance ; d’investir dans le renforcement des capacités ; de privilégier la participation citoyenne ; et de renforcer la collaboration interparlementaire.
Par ailleurs, l’intelligence artificielle générative est présentée comme un levier stratégique pour accélérer la transformation numérique des Parlements, en offrant la possibilité d’obtenir des informations précieuses et d’améliorer l’accessibilité des procédures parlementaires.
Samira Njoya
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Le gouvernement de l’Etat veut intégrer les technologies de l’information et de la communication à tous les secteurs de l’économie. En amont, l’exécutif œuvrait déjà pour le renforcement de l’infrastructure numérique, notamment avec un projet de point d’échange Internet.
L’Etat d’Anambra, au Nigeria, envisage de développer sa propre plateforme de gestion des données pour accélérer sa transformation numérique. D’un budget estimé à 97,08 millions de nairas (environ 57 200 $), le projet a été approuvé la semaine dernière lors de la réunion du Conseil exécutif de l’Etat.
« En permettant une meilleure intégration des données entre les secteurs, cette plateforme garantira que les informations essentielles soient accessibles en temps réel pour les décideurs, favorisant ainsi une gouvernance basée sur les données », Law Mefor, commissaire à l’information d’Anambra.
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition des autorités d’Anambra d’exploiter la technologie pour améliorer la gouvernance et le développement. Avec sa vision stratégique dénommée « Tout sur la technologie et la technologie partout », le gouvernement veut mettre en place une économie numérique qui attire les investisseurs clés, les innovateurs et les entreprises.
Pour concrétiser ses ambitions numériques, le gouvernement d'Anambra a multiplié les initiatives pour moderniser les infrastructures numériques. En août 2023, il a supprimé les frais de droit de passage afin d’accélérer le déploiement de la fibre optique. En juillet 2024, il a lancé un vaste projet visant à déployer 2 400 km de fibre optique, notamment pour son projet de Wi-Fi gratuit dans tout l’Etat. Par ailleurs, il prévoit de doter l'Etat d’autres infrastructures numériques essentielles, notamment un point d’échange Internet (IXP).
Cette initiative devrait contribuer à la transformation numérique du Nigeria alors que l’économie numérique en Afrique devrait valoir au moins 712 milliards $ en 2050, soit 8,5 % du PIB continental, selon une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google. Cependant, il faut rappeler que le calendrier du développement et de mise en œuvre de la plateforme de gestion des données n’est pas encore connu.
Isaac K. Kassouwi
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Les technologies satellitaires deviennent un levier stratégique pour les nations cherchant à accélérer leur développement numérique. Dans ce contexte, l’accès à des technologies avancées est crucial pour répondre aux besoins croissants en connectivité.
Augustin Kibassa, le ministre congolais des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC), a visité les installations du fabricant de satellites Thales Alenia Space, jeudi 14 novembre, en France. Il a discuté avec des dirigeants de la société européenne et s’y est imprégné des différentes étapes de fabrication des satellites, de la conception jusqu'à la mise en orbite. Cette démarche s'inscrit dans la vision du gouvernement congolais de développer des capacités satellitaires pour répondre à ses divers besoins.
En mission de service à Monaco, S.E Augustin Kibassa s'est rendu le 14 nov. à Cannes, ville située à près de 60km de Monaco pour une réunion de travail avec les responsables de Thales Alenia Space, société spécialisée dans la construction des satellites, partenaire de #Monacosat. pic.twitter.com/UkRScOrQJQ
— Ministère des Postes, Télécom et Numérique - RDC (@pt_numerique) November 15, 2024
La visite chez Thales Alenia Space intervient deux jours après la signature d’un protocole d’accord entre la RDC et l’opérateur satellite Monacosat le 12 novembre. Ce partenariat stratégique traduit l’ambition de la RDC de se doter d'une capacité Internet renforcée, issues de diverses technologies télécoms, destinée à renforcer la fourniture de services télécoms de qualité sur toute l’étendue du pays, même dans les zones les plus reculées.
Bien qu’aucune information n’ait été dévoilée par le ministère des PT-NTIC sur l’objectif stratégique de la visite chez Thales Alenia Space, celle-ci laisse tout de même transparaître des possibilités de réponse quant à certaines questions de surveillance du territoire exprimées par la RDC dans le passé. En 2022, le gouvernement congolais avait manifesté le désir d’acquérir un satellite d’observation de la Terre sur fonds propres d’une valeur de 100 millions de dollars. Un appel d'offres avait d’ailleurs été lancé à cet effet en novembre par le ministère de la Recherche scientifique et innovation technologique.
Que ce soit pour les télécommunications ou l’observation de la Terre, le satellite s’impose comme une technologie de forte valeur. Pour la RDC qui affronte des défis sécuritaires et économiques, le satellite peut se révéler un atout dans la sécurisation de ses frontières et de ses localités face aux groupes rebelles, une identification des zones touchées par des catastrophes naturelles, pour combattre les activités minières illégales, apprécier l’état des différentes infrastructures stratégiques du pays.
Samira Njoya
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Les transferts de fonds internationaux jouent un rôle clé dans l'économie mondiale, facilitant les échanges financiers. En Afrique, l'essor du mobile money a révolutionné ces envois, permettant d’améliorer l’inclusion financière.
Les transferts internationaux de fonds via mobile money figurent parmi les services ayant enregistré les plus fortes croissances en Afrique en 2023. Le montant total des fonds envoyés a atteint près de 29 milliards de dollars, soit une augmentation de 33 % par rapport aux 22 milliards de dollars de 2022, selon l'Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA).
Une adoption renforcée par la pandémie de Covid-19
Dans son rapport intitulé « Le point sur le secteur : les services de mobile money dans le monde, Résumé 2024 », publié en avril dernier, la GSMA explique que cette croissance a été en grande partie impulsée par la pandémie de Covid-19. Durant cette période, les diasporas du monde entier ont adopté massivement les transferts via mobile money pour répondre aux besoins urgents de leurs proches en Afrique.
Cette habitude, née de la nécessité d'effectuer des transactions rapides, sécurisées et abordables, a perduré, notamment en raison du faible taux de bancarisation sur le continent. Le mobile money s'est ainsi imposé comme une alternative essentielle aux services bancaires traditionnels. Les transferts internationaux via mobile money ont crû de 16 milliards de dollars en 2021 pour atteindre les 29 milliards de 2023.
Une part significative dans le marché du mobile money
En 2023, les transferts internationaux par mobile money ont représenté 3,18 % des 912 milliards de dollars échangés via mobile money en Afrique subsaharienne. Bien qu'ils constituent une part modeste, ces transferts jouent un rôle clé dans le secteur. Les paiements marchands, une autre composante majeure, ont atteint 74 milliards de dollars, soit environ 8,11 % du montant total des transactions par mobile money, en hausse de 14 % par rapport à 2022. Par ailleurs, les transferts entre banques et mobile money (dans les deux sens) ont progressé de 15 % sur un an, atteignant 210 milliards de dollars en 2023 selon la GSMA.
Défis et recommandations pour le développement des transferts internationaux
Malgré cette forte croissance, le développement des transferts internationaux via mobile money en Afrique subsaharienne est freiné par des défis structurels. Parmi ceux-ci figure la faible adoption des services financiers mobiles, malgré une pénétration importante de la téléphonie mobile. En 2023, la région comptabilisait 856 millions d’abonnements à des services mobile money pour 980 millions d’abonnements téléphoniques.
Pour accélérer le développement de ce secteur, la GSMA recommande de multiplier les partenariats entre opérateurs télécoms et banques afin de favoriser l’interopérabilité et de réduire les coûts de transaction. Parallèlement, les gouvernements pourraient soutenir ces initiatives en investissant dans les infrastructures numériques dans les zones reculées et en adoptant des réglementations favorables. Ces actions rendraient les services de mobile money encore plus accessibles et renforceraient leur impact sur l’inclusion financière à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
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