En Égypte, 40 % des livraisons échouent alors que la référence mondiale est d'environ 8 %. Des entrepreneurs égyptiens se sont lancés dans l’aventure pour améliorer ce secteur qui pèse environ 3,1 milliards $ dans la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA).
ShipBlu est une plateforme digitale qui fournit des services de livraison au dernier kilomètre en Égypte. Elle exécute des commandes non seulement des particuliers, mais aussi des plateformes de commerce en ligne et des magasins locaux. En octobre 2021, la start-up, fondée par Ali Nasser (photo au centre), Ahmed ElKawass (photo, à droite) et Abdelrahman Hosny (photo, à gauche) en 2020, a réussi un tour de table d’un montant de 2,4 millions $ avec des investisseurs comme Nama Ventures et Orange Ventures pour améliorer son service de traitement des commandes et soutenir son expansion.
Avant la mise en place de cette solution, Ali Nasser, cofondateur et président-directeur général de ShipBlu, a observé le fonctionnement des services de livraison après achats sur une plateforme de commerce en ligne. « Environ 56 % du temps, lorsqu'une personne en Égypte passe une commande en ligne, elle n'a même pas de date de livraison. Après avoir passé votre commande et reçu un e-mail de confirmation, c'est le silence complet jusqu'à ce que, un jour au hasard, vous receviez un appel de l'agent qui est en route et qui vous demande si vous êtes disponible pour récupérer le colis. Nous sommes en train de changer cela », a-t-il déclaré.
Les fondateurs de ShipBlu ont ainsi décidé de révolutionner la livraison au dernier kilomètre dans leur pays. Ils ont mis en place une plateforme d’où on peut accéder aux places de marché et boutiques en ligne des marques partenaires opérant en Égypte. Ces partenaires disposent de stocks de marchandises dans les entrepôts de ShipBlu qui peut faire livrer directement le colis après un achat depuis sa plateforme. ShipBlu peut aussi se connecter directement aux magasins en ligne des marchands et surveiller les commandes depuis un tableau de bord. En cas de commandes, la start-up sélectionne et emballe les commandes de l'entrepôt et les envoie aux clients.
Cette méthode permet d’améliorer la qualité des services des plateformes de commerce en ligne dans le pays et des services de livraison, malgré le problème d’adressage lié aux codes postaux non précis ou carrément inexistants. La start-up, accélérée par Y Combinator, propose ainsi une fenêtre de livraison de trois heures à une date précise.
En ce qui concerne le modèle économique, la start-up facture son service en fonction de la taille, de la destination et de la vitesse d’expédition. Elle dit avoir développé des algorithmes basés sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour « réduire les coûts, répondre aux contraintes de livraison et affiner ses hypothèses de fonctionnement ».
Adoni Conrad Quenum
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À cause des infrastructures routières généralement en mauvais état, la liaison producteurs-commerçants n’est pas une sinécure. Un digital entrepreneur sénégalais a décidé de mettre en place une solution numérique pour régler ce problème.
Afrikamart est une plateforme sénégalaise de distribution de produits frais qui offre ses services de mise en marché aux producteurs agroalimentaires d’une part et d’autre part, elle opère comme une centrale d’achat digitale pour les commerçants, les hôtels, les restaurants et les supermarchés. Fondée en 2018 par Mignane Diouf, Afrikamart a vu le jour après que son fondateur a remarqué qu’il était plus facile d’importer des fruits et légumes du Maroc que de s’en procurer au Sénégal.
Depuis sa création, Afrikamart collecte des produits chez des milliers de producteurs dans les zones rurales pour servir les commerçants des zones urbaines. La plateforme essaye de garantir de meilleurs revenus aux producteurs, de meilleurs prix aux commerçants et de meilleures qualités de produits aux consommateurs.
Pour devenir un fournisseur de la plateforme, il faut renseigner un certain nombre d’informations qui vont permettre à la start-up de reprendre contact pour en savoir davantage sur les productions et dans quelle mesure elles peuvent être vendues grâce au réseau d’Afrikamart.
En ce qui concerne le client, il doit également suivre une procédure où il fournit des informations utiles pour le catégoriser en fonction de la quantité de produits qu’il peut acheter chaque semaine. Par ailleurs, par un simple coup de fil aux numéros de téléphone de la plateforme, l’utilisateur peut en apprendre davantage s’il veut devenir client ou fournisseur de la start-up.
En 2021, Afrikamart revendique 8 000 kilogrammes de produits livrés par jour ; plus de 600 producteurs travaillent avec elle et plus de 200 emplois indirects ont été créés. À terme, elle espère soutenir son expansion en Afrique de l’Ouest grâce à son savoir-faire dans la supply chain, forte de son succès au Sénégal.
Adoni Conrad Quenum
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Le diabète est une maladie métabolique caractérisée par une élévation anormale chronique de la glycémie. Les personnes atteintes de ce mal doivent être rigoureusement suivies et c’est ce que propose la solution égyptienne Otida.
En Égypte, l’application Otida aide les patients atteints de diabète à gérer leur quotidien en étant leur nutritionniste, coach de fitness ou encore médecin. L’objectif de cette solution e-santé est de permettre aux patients de maintenir leur glycémie à des niveaux normaux, sans médicaments ni chirurgie, mais grâce à un programme unique adapté pour chacun. La start-up a réussi un tour de table d’un montant de 340 000 $ dans le but d’améliorer la vie de 5 000 patients diabétiques en Égypte et au Moyen-Orient.
Ahmed Tawfic (photo, à gauche), fondateur et président-directeur général d’Otida, explique « qu’avec le niveau de technologie aujourd’hui, il est inacceptable que des patients diabétiques aient encore du mal à trouver le programme de traitement adapté à chacun d’eux ».
Pour profiter des services de la healthtech, il faut au préalable s’inscrire sur la plateforme web en renseignant des informations personnelles comme l’email, le numéro de téléphone, le nom, le poids ou encore la taille. Les patients reçoivent un kit de mesure de glucose (kit CGM) qui mesure leur glycémie toutes les 15 minutes pendant 10 jours. Ils sont tenus de garder leurs habitudes alimentaires pour permettre d’avoir une idée objective de leur métabolisme.
Quand les données sont recueillies, l’appareil les envoie directement sur le cloud de la start-up. Les spécialistes d’Otida y ont accès et sont capables de dire après analyse de ces données ce qui est bon et ce qui est mauvais pour le corps de chaque patient. Ils concoctent ainsi un plan d’action individuel pour suivre chacun des patients d'une façon plus efficace. Pour un abonnement de 3 mois, la start-up fixe des objectifs qui répondent aux priorités du patient. Chacun se voit attribuer un coach sportif qui est disponible 24 heures sur 24.
La méthode Otida se résume ainsi à une thérapie nutritionnelle et un coaching personnel dans le but d’éviter les complications liées au diabète comme les maladies cardio-vasculaires, les lésions oculaires, les lésions aux pieds... Le service coûte 3 500 livres égyptiennes, environ 190 $.
Adoni Conrad Quenum
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Le succès des fintechs en Afrique a permis de briser les barrières des moyens de paiement à l’international. Le problème majeur du commerce en ligne est la livraison des articles en l’occurrence entre les pays africains et hors du continent.
Shiip est une start-up nigériane de livraison multi-transporteurs qui aide les utilisateurs à recevoir leurs colis achetés en ligne. Elle dispose d’une plateforme web et d’une application mobile, disponible sur App Store et sur Play Store, pour faciliter les opérations de livraison de marchandises après achat sur une plateforme de commerce électronique.
Shiip a été fondée en 2021 et avant c’était une partie d’une plateforme de commerce électronique. Quadry Olalekan (photo) et son équipe ont rapidement développé la solution Shiip car la clientèle se tournait de plus en plus vers l’expédition d’articles sans forcément les acheter sur la plateforme. Que ce soit sur la plateforme web ou l’application mobile, l’utilisateur doit s’inscrire pour avoir accès au réseau d’expéditeurs locaux, nationaux et internationaux pour les divers articles.
Néanmoins, il est possible de savoir si des transporteurs sont disponibles pour l’envoi de colis d’un point A à un point B sans avoir à s’inscrire au préalable. Il suffit de renseigner les adresses de l’expéditeur et du destinataire dans les cases appropriées, ensuite le poids du colis. La disponibilité ou non d’un transporteur sera communiquée dans les plus brefs délais.
La start-up travaille avec plus d’une cinquantaine de transporteurs et compare les prix proposés par ces entreprises afin de proposer le meilleur service à ses utilisateurs. Entre autres, Jumia Logistics, DHL ou encore Courier Plus font partie des entreprises de transport avec lesquelles Shiip travaille. Outre la plateforme web et l’application, il existe un bot Whatsapp qui permet d’accéder aux services de la start-up. De plus, ses interfaces de programmation sont disponibles en open source pour n’importe quelle place de marché ou plateforme de commerce en ligne.
Pour les 15 derniers mois, Shiip revendique plus de 2 000 utilisateurs pour environ 10 000 articles envoyés. Disponible uniquement au Nigeria, la solution espère une expansion à d’autres marchés africains dans les mois à venir et un tour de table serait le bienvenu.
Adoni Conrad Quenum
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Depuis la pandémie de la covid-19, l’accès aux soins de santé, déjà difficile sur le continent, a été encore plus compliqué. Avec des hôpitaux bondés par les malades de la Covid-19, les consultations en ligne ont été une alternative partout dans le monde.
Kena Health est une application sud-africaine qui permet aux citoyens de la nation arc-en-ciel de discuter avec des professionnels de la santé depuis leur smartphone. Disponible sur Play Store et App Store, les utilisateurs peuvent s'inscrire et obtenir des conseils, des diagnostics, des ordonnances, des notes de maladie et même des orientations vers un pathologiste spécialisé ou d’autres lieux de soins, si nécessaire.
Kena Health est une branche de Healthforce, une healthtech basée en Afrique du Sud qui améliore les soins de santé grâce à des équipes cliniques multidisciplinaires dirigées par des infirmières dans plus de 450 cliniques à travers le pays. Healthforce revendique plus de 1,5 million de consultations dirigées par des infirmières et 135 000 consultations virtuelles de médecins au cours des 4 dernières années.
Saul Kornik, fondateur et PDG de Kena Health, explique que « l’objectif est d’améliorer l’accès à des soins de qualité en réduisant les coûts. En créant une application axée sur les soins de santé en équipe, nous sommes en mesure d’y parvenir, tout en améliorant réellement la qualité des résultats de santé pour chaque patient ».
Sur Kena Health, il est possible de discuter avec l’assistante virtuelle prénommée Linda qui recueille les informations générales sur l’état de santé du patient, lesquelles vont figurer dans son dossier sécurisé. Les trois premières consultations sont gratuites et à partir de la quatrième, elle est facturée à hauteur de 160 rands (environ 11 dollars).
Les consultations se font en ligne par messages ou par appel vidéo où le patient peut décrire à l’infirmière ses symptômes. Si l’état du patient requiert un médecin, l’infirmière transfère directement la communication à un médecin pour une meilleure prise en charge. Les services de Kena sont disponibles de 8 à 18 heures du lundi au vendredi, de 8 à 14 heures le samedi, et inaccessibles le dimanche.
Adoni Conrad Quenum
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La plateforme thérapeutique a levé 2,1 millions de dollars pour étendre ses activités dans la zone MENA en intégrant de nouvelles fonctionnalités. O7 Therapy a mis en place un réseau de psychiatres et de psychothérapeutes multilingues pour aider les utilisateurs à faire face à leurs problèmes de santé mentale.
La start-up égyptienne de technologies de la santé O7 Therapy a levé 2,1 millions de dollars auprès d’un groupe d’investisseurs. Ce financement vise à promouvoir la santé mentale et le bien-être en milieu professionnel. L'entreprise compte également se développer dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord tout en intégrant de nouvelles fonctionnalités et innovations de produits.
O7 Therapy est une plateforme en ligne et un réseau organisé de psychiatres et de psychothérapeutes arabophones triés sur le volet, ainsi qu’un réseau de référence de cliniques et d’hôpitaux spécialisés pour soutenir les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale dans la région MENA. La plateforme fournit une psychothérapie en ligne en utilisant des protocoles fiables pour le cryptage et le stockage des données, dans un cadre convivial. O7 Therapy a ainsi révolutionné la définition du soutien en ligne et fournit des services de santé mentale collaboratifs aux personnes arabophones à travers le monde.
La start-up a été fondée en 2019 par l’Egyptien Ashraf Bacheet (photo). L'entrepreneur en série et PDG s’est associé au professeur adjoint de psychiatrie et fondateur de Nine Psychology, Dr Ashraf Adel, et à l'entrepreneur en logiciels Nader Iskander. Ashraf Bacheet a étudié dans diverses institutions telles que l’école allemande du Caire, l’université du Caire, l'université du Maryland, et au Chartered institute of marketing du Royaume-Uni.
Avec plusieurs diplômes en sciences pharmaceutiques, en entrepreneuriat technologique, et en marketing et communication, à la tête d’une entreprise familiale dans le domaine pharmaceutique, Ashraf a développé sa passion pour l’entrepreneuriat social en rejoignant une ONG mondiale en tant que directeur du Moyen-Orient. Il offre également ses services en tant que consultant et mentor auprès de plusieurs start-up.
Nader Iskander, cofondateur de la start-up, a souligné qu'investir dans la santé mentale profite aux gens dans tous les aspects de leur vie, y compris l'école, le travail, la maison, la famille, les amis et même la santé physique. Cela améliore l'efficacité des entrepreneurs, des PME, des entreprises et du personnel gouvernemental, ce qui a un impact économique favorable sur les pays.
Les programmes de bien-être des employés pour les entreprises sont dispensés selon une méthodologie B2B2E distinctive qui donne la priorité à l'effet des difficultés de santé mentale sur le lieu de travail, en se concentrant sur l'augmentation des connaissances et de la sensibilisation, la création d'environnements sûrs et favorables et la mise en œuvre d'initiatives de bien-être mental.
Ruben Tchounyabe
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Depuis de nombreuses années, la question de la gestion des déchets est un problème permanent. 2,1 milliards de tonnes de déchets, dont seulement 16 % sont recyclés, sont produites par les Terriens. Un entrepreneur nigérian propose une alternative technologique à ce problème.
Wura est une application mobile de partage d’objets qui a pour but de sauver la planète. Lancée par Damilola Kadiri (photo) en novembre 2021, elle permet aux utilisateurs de publier gratuitement des objets qu’ils souhaitent donner ou dont ils n’ont plus besoin. Que ce soit des vêtements, des livres, des chaussures, des bijoux ou encore des écouteurs, tout ce qui peut être utile est le bienvenu sur Wura.
Les utilisateurs peuvent ainsi récupérer des objets en parfait état ou non sur la plateforme. Néanmoins, il faudrait au préalable s’y inscrire avant de pouvoir recevoir ou donner quoi que ce soit ; et plus important, il faut suivre les règles d’or de Wura. M. Kadiri ne veut pas commercialiser sa solution dans les trois ou quatre prochaines années donc il a rédigé des règles pour éviter toute situation fâcheuse lors des transactions sur sa plateforme.
Les règles d’or de Wura sont entre autres : tous les articles sont gratuits, signaler les utilisateurs qui veulent forcément des sous en échange de leurs objets, recevoir des articles des profils disposant de photo de profil, les rendez-vous pour les échanges doivent se dérouler dans un lieu public, demander avec courtoisie et avec des mots compatissants, etc.
Avec 354 inscrits et 47 dons, la start-up compte mieux impacter la population nigériane en montrant à travers sa solution la façon dont les actions quotidiennes affectent l’environnement. « Pour l’instant, nous cherchons à augmenter le nombre de transactions sur l’application et les inscriptions, puis au fil du temps, nous avons l’intention de promouvoir les entreprises durables. Je pense donc que ce serait un moyen pour nous de générer des bénéfices. Comme je l’ai dit, l’idée est de changer le comportement des gens pour qu’ils soient plus respectueux de l’environnement », a indiqué M. Kadiri.
Les utilisateurs de l’application, disponible sur Android et iOS, peuvent avoir une idée de la contribution de leurs actions sur le bien-être de la planète grâce à l’algorithme de Wura. Ils remarquent la réduction des émissions de dioxyde de carbone lorsqu’ils ne jettent pas les objets en vrac et cela peut affecter leurs comportements vis-à-vis de la planète.
Adoni Conrad Quenum
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Au Botswana, il y a plus de bétails que d’hommes. Plus de 100 000 fermes sont enregistrées dans le pays, mais la gestion s’avère difficile pour les propriétaires qui utilisent encore les méthodes traditionnelles.
Le Botswanais Thuto Paul Gaotingwe (photo) a mis au point une application qui fonctionne hors ligne pour permettre aux éleveurs du pays de mieux gérer leurs bétails et d’autres installations agricoles. Au départ, le but était de donner un coup de main à un ami, mais il s’est rapidement rendu compte que les éleveurs du Botswana ont un contrôle limité sur les processus d'élevage.
« Nous avons travaillé autour de méthodes innovantes qui leur permettent toujours d'améliorer la production et l'efficacité avec moins de changements par rapport à leurs anciennes méthodes », affirme-t-il.
L’objectif est de permettre de collecter efficacement les informations sur une ferme afin d’agir en conséquence en cas d’accroc. Le nom de la solution Modisar vient du mot tswana, une des plus anciennes langues bantoues de l’Afrique centrale, « Modisa » qui signifie littéralement « gardien de bétail ».
La solution aide les éleveurs et les producteurs à tenir différents registres d'élevage, registres d'exploitation, de finances et de production. L’application dispose d’un mode « assistant agricole intelligent » intégré, qui rappelle à l'agriculteur les tâches importantes à effectuer et les meilleures pratiques pour une agriculture rentable. Le mode « gestion des animaux », quant à lui, permet d'enregistrer presque tout ce qui concerne les animaux de la ferme, et il produit également une large gamme de rapports de production.
Modisar produit aussi des rapports de gestion, en synthétisant les informations recueillies sur les pratiques agricoles, et propose des solutions pour équilibrer les dépenses et optimiser les bénéfices. Elle intègre également une fonction qui permet de suivre les actifs, l'inventaire et les finances de l’exploitation agricole ou encore un module de suivi du bétail. Par exemple, elle envoie des alertes par SMS pour rappeler aux fermiers la vaccination de leurs animaux ou une insémination.
La start-up a décidé en novembre 2015 de mettre gratuitement sa base d’informations à la disposition de tous. 1 200 fermiers y ont souscrit dans un premier temps. L’application a remporté le prix POESAM en 2014.
Adoni Conrad Quenum
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La solution numérique a déjà à son actif plusieurs milliers d’hectares de terres cultivables analysées dans plusieurs pays d’Afrique. A travers sa grande ambition qui est de contribuer à la sécurité alimentaire sur le continent, son fondateur veut aussi sortir les acteurs du secteur de la précarité.
La clinique agropastorale de Pyrrus Koudjou (photo), ClinicAgro, est actuellement engagée dans une opération de levée de fonds qui devrait lui permettre de poursuivre son développement. La start-up spécialisée dans le domaine de l’agriculture technologique est née en 2019 de sa prise de conscience des difficultés touchant le secteur agricole, après une rencontre avec un agriculteur. L’informaticien camerounais décide alors de réfléchir à un moyen de fournir à la communauté agricole, qui vit quasiment les mêmes problèmes, diverses informations essentielles pour le succès de leurs activités.
« L'Afrique et le Cameroun en particulier ont besoin d'un apport stable en nourriture, d'autant plus que sa population croît exponentiellement. Dans ces conditions, nous devons accompagner les agriculteurs à optimiser leur production sur un minimum d'espace, à réduire leur empreinte écologique et à préserver les ressources naturelles pour les générations futures », explique l’entrepreneur social.
Connecté par Bluetooth à une application, le kit ClinicAgro propose des diagnostics poussés de sols et des maladies que peuvent subir les végétaux. Il permet en 60 secondes d’obtenir divers indicateurs tels que le taux de fertilité, le degré d’azote, phosphore et potassium ou l’indice de fertilité des nutriments. La solution émet alors des recommandations à l’agriculteur pour améliorer son sol, avoir de meilleurs rendements et de meilleurs revenus. L’utilisateur peut également prendre en photo les végétaux malades, identifier le mal et le soigner grâce à une intelligence artificielle qui lui fournit des solutions. Disponible en 6 langues, cette solution constitue un outil de prise de décisions pour l’agriculteur.
La start-up a été lancée officiellement en février 2021. A ce jour, ClinicAgro c'est 12 kits fabriqués et déployés au Cameroun et dans d’autres pays, notamment le Burkina Faso, le Togo, et la France. Elle compte 1 200 hectares de terre analysés. « Ce qui me motive au quotidien, c’est ma cible, les agriculteurs. Et je me suis donné comme mission de trouver des solutions pour les accompagner à avoir un rendement optimal », confie Pyrrus Koudjou, qui cible 1,8 million hectares de terres cultivables au Cameroun.
Passionné par les technologies, Pyrrus Koudjou a développé plusieurs solutions basées sur l’intelligence artificielle. Il a déjà décroché plusieurs récompenses grâce à sa solution ClinicAgro, notamment le prix Coup de Cœur 2019 Med’Innovant Africa, le 1er prix Antic 2019, le 1er prix Cultivez le Numérique au Maroc, et le 1er prix Espoir Afric Startup Summit 2019 à Paris. Premier prix Orange de l’entrepreneur social au Cameroun en 2019, il intègre le programme d’accélération d’Orange digital center Douala qui l’a accompagné dans le développement du premier prototype et la version commerciale du produit.
Ruben Tchounyabe
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Développé depuis 2019, l’outil technologique a le potentiel de sauver la vie de millions de femmes à travers le continent. La jeune Nigériane à son origine a travaillé dessus afin d’éviter à d’autres familles la triste histoire qu’a vécue la sienne.
Nextwear Technology, une entreprise nigériane spécialisée dans la technologie de la mode, envisage de mettre sur le marché en juillet son « Smart Bra », un soutien-gorge intelligent. L’innovation de Kemisola Bolarinwa (photo), ingénieure en robotique, a été développée pour contribuer à la lutte contre le cancer du sein en améliorant le diagnostic précoce. Le soutien-gorge est doté de petits capteurs à ultrasons fonctionnant sur batterie. Synchronisés avec une application mobile, ils scannent les seins et le résultat peut être transmis à un médecin pour interprétation.
Smart Bra est le résultat de 4 années de recherche. Kemisola Bolarinwa a eu cette idée en 2017, après le décès de sa mère des suites d'un cancer du sein à l'University College Hospital d'Ibadan. Elle explique que le diagnostic tardif de la maladie a retardé sa prise en charge. « Dans son service à l'hôpital, j'ai vu des femmes de différents groupes d'âge, même des adolescentes, gémir de douleur à cause du cancer du sein. C'est à ce moment-là que j'ai senti que je devais apporter ma contribution pour lutter contre la maladie », a-t-elle raconté.
Le soutien-gorge intelligent doit être porté pendant un maximum de 30 minutes pour que le scan soit efficace. Kemisola Bolarinwa explique que les femmes pourraient utiliser l'appareil en toute sécurité dans le confort de leur foyer, au lieu de se rendre chez le médecin pour subir un dépistage du cancer du sein comme c’est le cas actuellement. Il pourra aussi être utilisé par les centres de santé qui n’ont pas toujours assez de moyens financiers pour acquérir des équipements de radiologie et mammographie. Dans les communautés pauvres, le Smart Bra peut aussi servir plusieurs fois.
Nextwear Technology a déjà effectué un test local de son innovation qui a obtenu une précision d'environ 70 %. La jeune Nigériane travaille encore dessus pour atteindre 95 à 97 % de précision. L’équipe espère que le soutien-gorge contribuera à protéger les Nigérianes et les autres Africaines. Avec 129 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le cancer du sein est actuellement le type de cancer le plus répandu chez les femmes en Afrique subsaharienne. Les estimations de survie après 5 ans sont proches ou inférieures à 50 % dans cette région, souligne l’OMS.
Ruben Tchounyabe
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La solution mobile mise sur la communauté pour susciter de la motivation auprès des utilisateurs. Contrairement aux autres applications qui sont un répertoire d’adresses de salles de sport où se rendre, celle-ci peut transformer tout endroit en salle de sport.
Depuis janvier, l’application mobile de fitness Welnes s’attelle au développement de ses ressources humaines. Financée par 300 000 $ de fonds d’amorçage qu’elle a réussi à lever auprès d’investisseurs comme Samurai Incubate, UI Investments, conduit par Flat6labs, cette équipe en cours de préparation lui permettra de réaliser son ambition d’expansion dans la sous-région Afrique du Nord d’ici 2023.
L’application lancée en 2020 par la start-up égyptienne éponyme est un réseau social pour ceux qui veulent faire du sport en groupe, mais depuis chez eux. Pour accéder aux différents services qu’offre la plateforme, les utilisateurs doivent au préalable s’y inscrire. Ils pourront par la suite, une fois connectés à travers leur compte, accéder à un cadre d’échange d’expérience, de rencontre entre abonnés ; participer à des défis sportifs (routine à mener pendant une période donnée pour un objectif précis) élaborés par des coachs ; discuter avec des nutritionnistes et définir des programmes de sport personnalisé ; partager des recettes de cuisine adaptées et des images de plats réalisés.
Amr Saleh (photo, à gauche) le PDG et Amr Diab, qui ont fondé la start-up Welnes, justifient sa création par le souci de pousser de nombreux jeunes travailleurs — trop occupés en journée et peu motivés pour aller à la salle de sport, une fois arrivés à la maison — à mener une activité sportive, même à domicile. Ils comptent sur l’effet de groupe pour susciter de l’engagement auprès des différents utilisateurs, dont le nombre a dépassé les 15 000 et qui ont partagé plus de 500 000 photos de repas, selon les fondateurs.
Amr Saleh croit que les utilisateurs viennent pour les régimes de nutrition et d'entraînement, et ils restent pour la communauté.
Ruben Tchounyabe
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La jeune entreprise qui a développé l’application a obtenu son label « Start-up Act » en 2020. Depuis février, elle est pensionnaire d’Orange Fab Tunisie, l’accélérateur de la société télécoms. Un encadrement qui peut lui offrir de nombreuses opportunités.
WeMove, créé en 2018 par Mariem Sellami (photo), Hichem Ben Hmida, Mohamed Khelil et Mejdi M’barek, est une place de marché de fitness et de bien-être qui propose à ses utilisateurs un large choix de cours de sport dans un réseau de salles partenaires sur toute la Tunisie. Diverses activités sportives comme le yoga, la danse ou encore la boxe sont proposées toutes les semaines par les salles partenaires. L’utilisateur peut combiner plusieurs activités en fonction de ses envies et de son budget.
Mariem Sellami explique que « plusieurs personnes ne pratiquent pas d’activité sportive, car l’accès aux salles de sport est conditionné par un abonnement qui implique un engagement financier conséquent et sans garantie. Si l’adhérent n’utilise pas son abonnement, il ne sera pas remboursé ». WeMove apporte donc une alternative qui permet d’effectuer des séances de sport à la demande sans avoir préalablement à souscrire à un abonnement.
La plateforme a opté pour le modèle « pay as you go » comme les réseaux de télécommunication. L’utilisateur recharge son compte de crédit et c’est avec ces fonds qu’il peut acheter des accès uniques à la salle de son choix depuis la plateforme. L’achat lui donne droit à un code QR qui sera scanné dans la salle de sport pour lui permettre d'accéder à son activité. Disponible sur Android et iOS, l’inscription sur l’application est gratuite pour les utilisateurs et les salles de sport. « Avec notre start-up, faire du sport c’est comme aller au cinéma ! Nos clients ont accès à une plateforme multisalles et multi-activités avec un paiement par cours et à la demande », indique Mariem Sellami.
Présente dans le Grand Tunis, l’entreprise veut s’étendre aux autres grandes villes du pays. Pour cela, les fondateurs scrutent les différentes salles de sport. Ils prévoient également de diversifier les offres en proposant des coachs indépendants et des organisateurs d’événements sportifs en plus des salles de sport.
La solution qui était à la base un simple projet de fin d’études a fini sur le podium de la 4e édition du « Samsung Fast Track », un programme d’accompagnement initié par Samsung Tunisie. L’entreprise a également été labellisée « Start-up Act » en 2020, un statut sur lequel elle capitalise pour solliciter des fonds de soutien pour son extension. Sa sélection en février dernier pour rejoindre l’accélérateur Orange Fab Tunisie lui donnera davantage de moyens techniques pour atteindre ses objectifs.
Adoni Conrad Quenum
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Le fondateur de la start-up Genity Sarlu a de grandes ambitions avec son innovation. Il ne veut pas seulement apporter un confort aux malades de son pays, mais contribuer également à une bonne prise en charge de tous ceux du continent.
En République démocratique du Congo, de nombreuses personnes atteintes de drépanocytose souffrent encore de complications liées à la maladie à cause d’une mauvaise prise en charge résultant d’un faible accès aux spécialistes. Les malades des zones reculées connaissent plus de difficultés. C’est pour résoudre cette situation que vivent une grande partie des drépanocytaires dans le pays, qu’Arnold Wogbo, fondateur de la start-up Genity Sarlu, a créé l’application AnemiApp.
Diplômé en Génie électronique, Arnold Wogbo révèle avoir eu l’idée de son application après avoir travaillé avec l’ONG "Réseau Drépano SS" comme chargé de la communication. Il dit y avoir remarqué, en questionnant les drépanocytaires, qu’ils avaient beaucoup de besoins mais pas assez de spécialistes pour y répondre.
Disponible sur Android, l’application fournit à ses utilisateurs, qui doivent d’abord s’y inscrire au préalable, plusieurs conseils d’hygiène pour limiter les crises liées à la maladie, améliorer leur quotidien. Les informations sur les médicaments, les vaccins, le dépistage, les transfusions sanguines et les grands évènements de santé, disponibles sur l’application, proviennent de médecins, du ministère de la Santé, de nutritionnistes. Il est également possible d’accéder à un répertoire et à une géolocalisation des pharmacies et des centres de santé compétents pour la prise en charge des malades.
Accéder au service ne nécessite pas d’avoir un smartphone. Ceux qui ont des téléphones basiques peuvent procéder par un code USSD. Opérationnelle à Kinshasa, en attendant une couverture nationale, Anemiapp en a été développée par la start-up Genity Sarlu. Elle génère des revenus grâce aux divers abonnements des utilisateurs et aux commissions tirées de ses prestations.
Lauréat 2020 de l’Observatoire de la e-santé dans les pays du Sud de la fondation Pierre Fabre et champion du Prix Orange de l’entrepreneur social en Afrique et au Moyen-Orient en 2018 (Poesam), Arnold Wogbo souhaite étendre la présence de son application hors de la capitale Kinshasa et de la RD Congo.
Adoni Conrad Quenum
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La modicité des moyens financiers des populations est l’une des causes de prolifération des médicaments de la rue en Afrique. Permettre à des familles démunies d'avoir aussi accès à des produits sûrs, sans débourser un sou, est l'ambition que s'est fixée Adama Kane, avec l'assistance de professionnels de santé.
Il y a sept ans, Adama Kane lançait Jokkosanté, sa solution numérique de pharmacie communautaire pour permettre à un plus grand nombre de Sénégalais d’accéder à des médicaments de qualité sans nécessairement dépenser de l’argent. Aujourd’hui, le service profite à des milliers de personnes.
Jokkosanté est simple. Toute personne qui dispose dans ses armoires de restes de médicaments encore consommables peut les déposer dans des centres de santé publics qui vont les trier et les mettre à disposition des plus démunis. Le déposant, inscrit au préalable sur l’application web mobile JokkoSanté, reçoit une notification par SMS qui lui indique les points gagnés, équivalant à la valeur des produits donnés. Ces points pourront être dépensés auprès de pharmacies pour acquérir d’autres médicaments ou transférer à d’autres personnes qui voudront acquérir des médicaments.
Pour ceux qui n’ont pas de médicaments à échanger, JokkoSanté a mis en place un mécanisme de financement croisé. Sur la plateforme, les entreprises, les ONG et les associations peuvent financer le don de médicaments à des segments de population de leur choix, afin d’améliorer leur visibilité et leur impact social. Cette visibilité de leurs activités est garantie au moment de la réception par le membre bénéficiaire du SMS qui l’informe de l’offre de médicaments sur son ordonnance par une entreprise précise.
La plateforme, qui implique des structures et professionnels de santé, vise trois objectifs qui sont : mettre fin au gaspillage de médicaments ; éliminer la vente illicite de médicaments ; et aider les populations les plus démunies à avoir une meilleure santé. L’idée de JokkoSanté est née en 2013 dans l’esprit d’Adama Kane. « Notre premier bébé est venu au monde en 2013 et, un mois avant sa naissance, ma femme et moi étions en train de ranger notre chambre pour lui faire un peu de place. Comme nous avions eu des difficultés pour avoir ce premier bébé, nous avions accumulé une quantité importante de boîtes de médicaments, dont la plupart étaient encore intactes et non utilisées. C’est l’image de tous ces médicaments dont d’autres personnes ont certainement besoin qui a déclenché l’idée de créer une pharmacie communautaire digitale », explique-t-il.
JokkoSanté a bénéficié du financement d'amorçage d’Orange pour le développement de l’application bêta et le lancement de la phase expérimentale. Orange a aussi mis à disposition de la start-up ses plateformes de service pour les échanges SMS et USSD. Le service a remporté plusieurs distinctions, notamment le certificat « Recognition of Excellency » de l’Union internationale des télécommunications, l’African Entrepreneurship Award pour le meilleur projet africain dans un domaine inexploré et pour la protection de l’environnement en 2015. En 2016, il a décroché le prix de l’Observatoire de la e-santé de la Fondation Pierre Fabre ainsi que le Grand Prix toutes catégories confondues du concours international des Trophées de la e-santé organisé par Castres-Mazamet Technopole.
Ruben Tchounyabe
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