En deux ans, la transformation numérique s’est accélérée à travers l’Afrique, sous l’effet de la Covid-19. Le continent a pleinement pris conscience des enjeux de développement en rapport avec Internet. Plusieurs pays ont engagé des actions pour ne pas rater la prochaine révolution mondiale.
Le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire veut rendre Internet accessible à toute la population au regard de son impact sur l’amélioration des conditions de vie socioéconomiques. Mais pour y parvenir, il lui faut au préalable identifier les obstacles actuels à la concrétisation de cette ambition. D’où le lancement, le lundi 7 mars à Abidjan, de l’étude sur l’universalité d’Internet par le ministre de l’Economie numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Adom (photo).
Cette étude qui est à l’initiative de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), à travers la Chaire Unesco, sera réalisée avec le suivi d’un comité consultatif du secteur du numérique. « Après avoir effectué des constats consensuels, nous ferons des recommandations pour améliorer la situation d’Internet en Côte d’Ivoire », a déclaré le professeur Alain Kiyindou, représentant de la Chaire Unesco.
Il a indiqué qu’une cérémonie officielle de validation de l’étude est prévue « entre mai et juin 2022 » et le cas ivoirien sera présenté comme un cas d’école en décembre 2022 à Addis-Abeba, au Forum mondial sur la gouvernance d’Internet.
Selon l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI), le taux de pénétration d’Internet était d’environ 78% au troisième trimestre 2021. Ce taux de pénétration, qui est calculé en comparant le nombre d’abonnements Internet au nombre total la population, peut toutefois ne pas refléter le véritable niveau d’accès à Internet dans le pays. En effet, plusieurs individus en zone urbaine détiennent plusieurs cartes SIM qui augmentent le nombre d’abonnements. Dans leur Digital Report 2022, We Are Social et Hootsuite estiment à 36,3% le taux de pénétration d’Internet en Côte d’Ivoire.
L’Etude sur l’universalité d’Internet en Côte d’Ivoire est financée par la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à hauteur de 13,250 millions FCFA (22,3 millions $). Ses retombées doivent permettre aux Ivoiriens de bénéficier des 180 milliards $ de revenus que l'économie numérique devrait générer en Afrique d’ici 2025, selon Google et la Société financière internationale (SFI).
Muriel Edjo
La demande en connectivité à haut débit s’est accentuée depuis 2020 en Afrique avec la Covid-19. Les risques cybercriminels aussi. Améliorer l’offre tout en protégeant l’accès est devenu une nécessité pour garantir le développement de la région. L’ICANN en est consciente.
La Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN) annonce, ce lundi 28 février, l'installation prochaine de deux grappes de serveurs racine en Afrique. L’un sera installé au Kenya. Les deux infrastructures techniques permettront que les requêtes Internet provenant d'Afrique puissent être traitées dans la région, sans dépendre de réseaux et de serveurs situés dans d'autres parties du monde. Elle améliorera également la qualité du réseau à travers une réduction de la latence dans toute la région.
Selon l’organisation internationale à but non lucratif — qui assure la coordination du système des noms de domaine et joue un rôle clé dans le maintien d'un Internet mondial, interopérable et sûr —, les serveurs racine réduiront « le temps de chargement des sites web, notamment en cas de pics d'utilisation de l'Internet. Cela apportera des avantages immédiats aux internautes de tout le continent qui accèdent quotidiennement à Internet ».
Les serveurs racine réduiront aussi l'impact d'une éventuelle cyberattaque sur le continent. Les cyberattaques par déni de service distribué (DDoS) visent à saturer les serveurs par une avalanche de requêtes. L’infrastructure technique permettra une largeur de bande et une capacité de traitement des données plus élevées, réduisant le risque d'interruption de l'Internet en raison d'une cyberattaque.
Cet investissement de l’ICANN en Afrique rentre dans le cadre des ambitions de la coalition numérique Partner2Connect lancée le 20 septembre 2021 par l'Union internationale des télécommunications (UIT) pour favoriser une connectivité et une transformation numérique significatives à l'échelle mondiale. Des ambitions qui s’alignent également avec la stratégie africaine de transformation numérique (2020-2030).
L’UIT estime actuellement à 33 % le taux de la population qui accède à Internet en Afrique. Avec la transformation numérique qui s’accélère et a induit une forte consommation d’Internet, l’Union croit que cette proportion de consommateurs de data va augmenter rapidement au cours des prochains mois.
Muriel Edjo
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En 2019, le plan Engage 2025 a été lancé par Orange dans le but d’offrir aux consommateurs une expérience télécoms plus soignée. Mais parvenir à la qualité de service envisagée requiert au préalable une transformation du processus opérationnel de l’entreprise.
Le groupe télécoms français Orange a confié à la société Atos — spécialisée dans la fourniture de solutions intégrées dans les domaines du cloud, de la cybersécurité et des supercalculateurs — la numérisation des opérations commerciales de 14 de ses 16 filiales d’Afrique. Deux contrats ont été signés à cet effet, mardi 22 février, entre les deux parties. L’objectif est d’optimiser de façon significative les charges d’exploitation d’Orange dans les cinq prochaines années, de diminuer ses émissions de carbone, et d’améliorer la résilience opérationnelle ainsi que l'agilité commerciale du groupe dans la région.
Le premier contrat porte sur la prise en charge et la maintenance par Atos d’une centaine d’applications dans des domaines clés — tels que la facturation, la gestion de la relation client, la business intelligence et le big data, l’approvisionnement, la saisie et la gestion des commandes — dans les filiales d’Orange. Le contrat comprend également la gestion des infrastructures de quatre filiales précises que sont Orange Burkina Faso, Orange Sierra Leone, Orange Cameroun et Orange Madagascar. La même approche sera appliquée progressivement à d’autres filiales de la région.
Le second contrat signé par Orange avec Atos porte sur le déploiement d’Orange Private Cloud — environnement de cloud computing dédié — dans six filiales (Burkina Faso, Botswana, Sierra Leone, Liberia, Botswana et République démocratique du Congo). Dans ces pays, Atos pourra également prendre en charge l’intégration d’applications multifournisseurs dans Orange Private Cloud.
Jocelyn Karakula, la directrice de l’innovation technologique, d’Orange Moyen-Orient et Afrique, a justifié le choix d’Atos, pour accompagner la société télécoms dans cette transformation d’envergure, par son expertise. « Les services cloud et la gestion des applications critiques, sa connaissance approfondie du marché des télécommunications et sa présence locale dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique en font un partenaire précieux », a-t-elle affirmé.
La collaboration entre Orange et Atos rentre dans le cadre du renouvellement du contrat CISA signé en 2017 par les deux parties, mais qui portait seulement sur sept filiales africaines du groupe télécoms. Ce nouveau contrat intègre de nouveaux domaines innovants qui s’inscrivent dans le périmètre d’Atos, tels que l’intelligence artificielle et le machine learning, les services de surveillance du cloud et l’orchestration du cloud, la maintenance prédictive et l’automatisation intelligente.
A travers sa transformation numérique qu’Orange accélère en Afrique, la société s’aligne sur l’une de ses quatre ambitions de croissance à l'horizon 2025, qui est « d’offrir une expérience client réinventée, des réseaux plus intelligents ainsi qu’une meilleure efficacité opérationnelle ».
Muriel Edjo
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En 2016, les Sud-Africains dénonçaient les coûts élevés d’Internet à travers la campagne DataMustFall. En 2019, leurs revendications n’avaient toujours pas provoqué de véritables changements. Depuis 2020, la Covid a fait campagne pour eux.
Lors du débat sur l'état de la nation au Cape Town City Hale, la semaine dernière, la ministre sud-africaine de la Communications, Khumbudzo Ntshavheni (photo), a annoncé une allocation mensuelle de 10 GB de data aux domiciles. Un forfait qui permettra l’intégration de toutes les couches sociales de la population sud-africaine à la transformation numérique que le gouvernement accélère depuis l’année dernière.
Face à ses collègues, Khumbudzo Ntshavheni a déclaré que la connectivité est devenue un nouveau service de base, comme l’eau et l’électricité, dont les domiciles sud-africains ont besoin. Une déclaration qui a suscité diverses réactions sur les réseaux sociaux, davantage de moquerie et d’ironie des Sud-Africains qui doutent de la concrétisation de cette promesse. Au cours des dernières années, ils n’ont cessé de batailler sans succès pour une connectivité accessible pour tous.
La connectivité gratuite que promet le gouvernement sud-africain rentrera dans le cadre de la seconde phase du South Africa Connect (SA Connect), la politique nationale du haut débit, approuvée le 28 janvier par le cabinet du président Cyril Ramaphosa. Elle portera sur la connexion de 80 % des administrations publiques, des communautés et domiciles à un accès au haut débit au cours des trois prochaines années. Le débit oscillera entre 10 mégabits par seconde (Mbps) et 100 Mbps selon le besoin réel exprimé.
La première phase du projet SA Connect a été lancée en 2013. Elle a servi de module d’expérimentation et porté sur la fourniture de la connectivité Internet de 10 Mbps à près de 970 administrations publiques essentielles.
Selon le Digital Report 2022 de Hootsuite et We Are Social, le taux de pénétration d’Internet est de 68,2 % en Afrique du Sud. Dans son rapport 2019 « Economic contribution of broadband, digitization and ICT regulation Econometric modelling for Africa », l’Union internationale des télécommunications (UIT) estime qu’une augmentation de 10 % de la pénétration du haut débit mobile entraîne une augmentation de 2,5 % du PIB par habitant. Par contre, une augmentation de 10 % de la pénétration du haut débit fixe entraîne une augmentation de 0,3 % du PIB par habitant.
Muriel Edjo
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L’accès à Internet est un prérequis à la participation des populations africaines à l’économie numérique. Orange, qui en est bien conscient, a multiplié à dessein ses investissements dans la couverture réseau au cours des cinq dernières années.
Le groupe télécoms Orange et sa filiale sénégalaise Sonatel ont annoncé, mercredi 16 février, leur association avec le fournisseur luxembourgeois de services télécoms par satellites SES pour étendre l’offre de connectivité à haut débit en Afrique. Pour y parvenir, Orange et Sonatel déploieront et gèreront la passerelle O3b mPower de SES sur le continent. O3b mPower, un système de communication par satellite en orbite terrestre moyenne de nouvelle génération, sera déployé au Sénégal sur le site du téléport de la Sonatel à Gandoul, parmi d’autres antennes satellites locales.
Jean-Luc Vuillemin (photo), directeur des réseaux internationaux d’Orange, a expliqué que l’association du groupe télécoms avec SES découle de sa conviction que « le satellite reste une technologie d’avenir et que les multiples innovations dont il fait l’objet actuellement contribueront à lui donner une place de plus en plus importante dans le domaine des télécommunications, et ce aussi bien en Afrique que dans les zones bénéficiant d’infrastructures plus développées comme l’Europe ou l’Amérique du Nord ».
Depuis 2020, le besoin en connectivité à haut débit s’est accentué en Afrique. La Covid-19 a non seulement accéléré la numérisation de divers services, mais modifié également les habitudes de consommation de la data. Mais sur le continent, le désir de connectivité se heurte encore à la faible couverture réseau. Surtout en zone rurale. En 2021, le taux de pénétration d’Internet mobile était encore de 28 % selon la GSMA. Sur les 1 084 millions de personnes recensées en Afrique subsaharienne, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie indique que 206 millions n’étaient pas du tout couverts par un réseau mobile.
Pour Jean-Luc Vuillemin, la collaboration avec SES « ajoutera une nouvelle composante majeure à la mission que s’est fixée Orange, celle de construire des réseaux intelligents et ouverts destinés à développer l’usage et l’accessibilité des technologies numériques pour le plus grand nombre ».
Adoni Conrad Quenum
Abidjan devient la 6e capitale africaine qui abrite un Orange Digital Center après Addis-Abeba, Dakar, Bamako, Tunis et Rabat. « Le centre contribuera à faire de la Côte d'Ivoire un hub digital dans la sous-région », a annoncé le chef du gouvernement ivoirien Patrick Achi.
Le CEO du groupe Orange, Stéphane Richard, aux côtés du Premier ministre ivoirien Patrick Achi, a procédé au lancement ce mardi 12 octobre d’Orange Digital Center en Côte d'Ivoire. Ce programme de formation que le groupe compte mettre en œuvre dans tous les pays où il opère, s’inscrit dans le cadre du plan d’action quinquennal ‘’Engage 2025’’ d'Orange qui vise à « promouvoir l’égalité numérique ».
« Avec l’objectif de former 2000 jeunes d’ici fin 2022, et de créer plusieurs centaines d’emplois, ce centre du ‘’digitale pour tous’’ participera pleinement au développement du capital humain ivoirien en permettant à chacun de se former, d’innover sur les réseaux ou de booster sa start-up » a indiqué Patrick Achi. Ce dernier n’a pas manqué de rappeler l’objectif de son gouvernement qui est de faire de la Côte d'Ivoire « le hub digital de l’Afrique de l’Ouest ».
Cet Orange Digital Center de Côte d'Ivoire fait partie désormais du réseau des « 32 Orange Digital Center dont 18 seront déployés en Afrique et au Moyen-Orient. Notre objectif principal est de démocratiser l’accès au numérique » a déclaré de son côté Alioune Ndiaye, Pdg d’Orange Afrique et Moyen-Orient, présent à la cérémonie de lancement.
Ce programme vise les étudiants, les porteurs de projets, les personnes sans emploi, déscolarisées et les jeunes diplômés, avec pour objectif d’aider chacun à développer un savoir-faire numérique en fonction de ses besoins.
Le centre de Côte d’Ivoire compte un atelier de fabrication numérique intitulé Fablab solidaire ; un accélérateur de start-up appelé Orange Fab, un atelier de codage (Orange Digital Academy) ; et un fonds d’investissements nommé Orange Ventures Africa.
Notons que le PDG du groupe Orange, Stéphane Richard, est désormais attendu à Yaoundé pour l’inauguration d’Orange Digital Center Cameroun.
Youssouf Sériba.
Fin octobre dernier, les Etats-Unis ont décidé d’investir 74,5 millions $ dans la recherche médicale basée sur l’IA en Afrique. Si la capacité de l’intelligence artificielle à révolutionner le secteur de la santé est reconnue de tous, on hésite encore, sur le continent, à pleinement se lancer sur cette voie et profiter de toutes les opportunités qu’elle offre. Cependant, de jeunes entreprises africaines montrent le chemin et font office de pionniers. C’est le cas d’AI Diagnosis Vision, dont la cofondatrice Saoussen Ayari, médecin-dentiste, s’est entretenu avec l’Agence Ecofin au sujet de sa solution qui séduit déjà grand monde en Tunisie et qui pourrait bientôt être étendue à un autre pays du Maghreb.
Agence Ecofin : Comment définirez-vous AI Diagnosis Vision, quels enjeux ou opportunités sur le marché ont motivé sa création ?
Saoussen Ayari : AI Diagnostis Vision est une plateforme web basée sur l’intelligence artificielle qui fournit aux dentistes, aux hôpitaux publics et aux cabinets privés, un diagnostic précis et précoce de 20 pathologies à 92% de précision. La plateforme permet aussi de créer automatiquement un rapport de conclusions après la lecture de l’image radiologique. Elle offre également la possibilité de proposer et optimiser les recommandations de traitement en tenant compte des traitements précédents, grâce à l’Intelligence artificielle inversée.
« Face à l'énorme potentiel offert par l’IA, l'Afrique entend s'accrocher pour ne pas rater la marche du monde.»
Tout est organisé dans un système intelligent de gestion du cabinet. Les enjeux en Tunisie sont l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien et leurs accès. Ce qui entraine un manque de précision dans le diagnostic et son retardement.
AE : Qu’est-ce qui fait la particularité de votre entreprise ?
SA : AI Diagnosis Vision a commencé comme un bootstrap avec deux ordinateurs portables et un scanner pour numériser les images radiologiques. Aujourd’hui, grâce à notre relation étroite avec l’université de médecine dentaire et d’autres partenaires cliniques, nous avons accès à l’un des plus grands ensembles de données de radiographies, de données cliniques, de données socio-démographiques.
Nos modèles d’apprentissage automatique de pointe détectent de nombreuses pathologies, outre les pathologies courantes, mais également les pathologies complexes et les restaurations avec une précision supérieure, ce qui apporte une valeur ajoutée significative aux dentistes, aux patients et aux sociétés dentaires.
« Nos modèles d’apprentissage automatique de pointe détectent de nombreuses pathologies, outre les pathologies courantes, mais également les pathologies complexes et les restaurations avec une précision supérieure. »
Les dentistes d’institutions cliniques renommées du monde entier fournissent la base de millions d’annotations dentaires qui constituent le fondement de nos modèles d’apprentissage automatique. Nous possédons une équipe et un réseau de partenaires appropriés pour réussir ce défi. Il s’agit d’un produit développé par des dentistes pour des dentistes.
AE : Comment la communauté des dentistes tunisiens a-t-elle accueilli votre solution ?
Les médecins-dentistes tunisiens pensaient que l’Intelligence artificielle allait les remplacer, mais le rôle assigné à l'Intelligence artificielle est d'aider et de soutenir le corps médical. L’IA et le Machine Learning font des erreurs. L’IA peut réduire le gaspillage et améliorer les résultats. Elle peut apporter transparence et confiance. Elle peut relier la santé bucco-dentaire à la santé systémique. Mais elle doit apprendre à faire ces choses. Tant qu’elle n'aura pas appris, elle fera des erreurs.
Notre responsabilité – celle de tous les prestataires de soins bucco-dentaires, de tous les membres d’un cabinet dentaire – est d'introduire cette nouvelle technologie de la bonne manière, de la guider, de la nourrir et de lui permettre de s'épanouir. Plus tôt nous accepterons, en tant que collectivité, ce rôle de gardiens de la technologie, plus tôt nous commencerons à l’utiliser pour porter les soins bucco-dentaires vers de nouveaux sommets.
« Cela signifie qu'aujourd'hui, lorsque l’aide au diagnostic de l’IA nous est présentée, nous devrions probablement ravaler notre fierté. »
Cela signifie qu'aujourd'hui, lorsque l’aide au diagnostic de l’IA nous est présentée, nous devrions probablement ravaler notre fierté. Ma fierté d'être un prestataire de soins bucco-dentaires ne devrait pas reposer uniquement sur ma capacité à interpréter une radiographie.
« L’Intelligence artificielle pourrait permettre d’améliorer le quotidien des patients.»
Si je peux utiliser un assistant numérique en mesure d’accélérer ce processus et le rendre absolument plus précis, plus efficace, plus transparent et plus normalisé, et si je peux le partager avec mon patient, pourquoi ne voudrais-je pas l’utiliser ? Parce que cela me permet de me concentrer sur des choses comme la planification du traitement généré par le visage, le diagnostic systémique, l’apprentissage de la connaissance de mes patients et l’élaboration d’options de plan de traitement mieux adaptées à leurs besoins.
AE : Vous espérez agrandir votre clientèle l’an prochain grâce notamment au passage à une intelligence artificielle qui analyse les radiographies en 3D. En dehors de ce développement, quelle sera la prochaine étape pour rendre votre solution plus performante ?
SA : En dehors de la construction 3D à partir d’une image 2D, nous travaillons sur l’amélioration de la précision de notre algorithme par l’apprentissage progressif et continu de l’algorithme, l’introduction d’autres facteurs dans la décision de diagnostic, l’augmentation des données, la lecture de plusieurs types d'images radiologiques, ainsi que l’image radiologique 3D, pour générer un rapport plus détaillé. Dans un avenir proche, nous allons introduire la détection des pathologies dermatologiques orales à partir d’une simple image et l’introduction de la réalité augmentée.
AE : A part la radiologie dentaire, envisagez-vous de proposer d’autres types de solutions dans d’autres domaines de la santé ?
SA : Nous envisageons de relier, grâce à l’Intelligence artificielle, la santé bucco-dentaire à la santé systémique, aux maladies cardiaques et à la dermatologie buccale ainsi qu’à l’esthétique. Du côté de la santé dentaire, nous allons nous développer pour pouvoir analyser différentes possibilités de traitement et déterminer le potentiel de réussite, la durée du cas, les matériaux qui seraient utilisés, les coûts et d'autres considérations.
Nous allons également aligner les opérations de la clinique avec un logiciel de veille économique qui peut inclure une évaluation personnalisée des patients, des traitements, des budgets, des performances cliniques, des ressources de formation, et ce grâce à l’Intelligence artificielle.
AE : Que pensez-vous de l’e-santé en Tunisie, et en Afrique ? Quels problèmes doivent résoudre des entreprises comme la vôtre pour être efficace ?
SA : Le secteur de la santé en Tunisie présente un potentiel réel, notamment au vu de la volonté des autorités tunisiennes de renforcer et moderniser les infrastructures médicales, ainsi que de digitaliser le secteur à travers la stratégie nationale Tunisie 2020. Malgré tout, cette effervescence constatée dans le monde de la santé et dans les universités de médecine, nous ne la constatons pas dans nos universités pour promouvoir l’Intelligence artificielle en santé. Il n’y a quasiment pas de cours ou de formations orientés vers l’utilisation de l’IA, du Big Data dans le cursus éducatif en médecine.
AE : De nombreuses études ont justement déjà été publiées, montrant le potentiel de l’intelligence artificielle pour le secteur de la santé. Que pensez-vous de cette technologie ?
SA : La raison pour laquelle l’IA a un tel potentiel est qu’elle représente un élargissement continu et illimité des connaissances, sans oubli, sans fatigue et sans que des détails insignifiants soient négligés. Les modèles informatiques de l’IA sont basés sur les plans de traitement et les résultats de centaines de milliers de dossiers de patients. L’IA peut offrir une grande précision grâce à un deuxième avis fondé sur une évaluation complète de milliers ou de millions de points de données, qu’il s’agisse d’images, de pathologies, d’antécédents du patient ou de commentaires du patient ou du fournisseur.
« La raison pour laquelle l’IA a un tel potentiel est qu’elle représente un élargissement continu et illimité des connaissances, sans oubli, sans fatigue et sans que des détails insignifiants soient négligés. »
Ces systèmes seront un jour en mesure de nous aider à comprendre la résilience biologique et l’expression phénotypique de nos patients, tout en nous aidant à prédire leur capacité à tolérer et à tirer un bénéfice maximal du traitement que nous leur prescrivons. Étant donné que les résultats les plus positifs possible pour les patients sont notre principal objectif, nous devrions vraiment attendre ce jour avec impatience.
AE : La situation en Tunisie va-t-elle évoluer à votre avis ? Pensez-vous que l’Afrique qui fait encore ses premiers pas dans l’utilisation de l’IA arrivera à bien exploiter cette technologie surtout pour résoudre ses problèmes d’accès aux soins ?
SA : L’Intelligence artificielle en Tunisie n’est aujourd’hui qu’au stade d’embryon, mais va petit à petit gagner la confiance des médecins et se faire une vraie place au sein des cabinets et hôpitaux. En adoptant la numérisation et les flux de travail numériques, nous allons renforcer l'efficacité de la communication analogique. Des décisions plus fondées sur des preuves découleront des informations produites par les systèmes d'IA. Et une fois que nous en serons là, le travail que nous faisons en tant que prestataires de soins bucco-dentaires, des hygiénistes aux chirurgiens en passant par les dentistes, deviendra beaucoup plus important pour la santé et le bien-être de nos patients. Ainsi, l’Intelligence artificielle pourrait permettre d’améliorer le quotidien des patients.
Face à l'énorme potentiel offert par l’IA, l'Afrique entend s'accrocher pour ne pas rater la marche du monde, comme en témoignent les investissements de plus en plus importants dans le domaine. Le domaine de la santé connaît une croissance exponentielle, et le Big Bata ainsi que le Machine Learning vont sûrement permettre de résoudre les problèmes de manque d'équipements spécialisés en radiologie.
AE : Avez-vous des plans d’expansion sur le continent à court terme ?
À court terme, d'ici le milieu de l'année 2022, grâce à nos partenaires, nous prévoyons de nous installer dans un autre pays de la région du Maghreb.
Propos recueillis par Louis-Nino Kansoun
Sofrecom Tunisie célèbre ce jour ses 10 ans d’existence. A cette occasion, M Michaël Trabbia, Directeur Exécutif Technologies et Innovation d'Orange & Président de Sofrecom a réaffirmé l’engagement de l’entreprise et sa volonté d’être l’acteur de référence pour le développement du numérique en Tunisie et sur le continent africain.
Société internationale de conseil et d’ingénierie spécialisée dans les télécoms et les nouvelles technologies de l’information, Sofrecom accompagne la transformation et le développement des opérateurs, des gouvernements et des institutions partout dans le monde. Elle leur apporte conseils et solutions opérationnelles en mettant à leur disposition les expertises de ses 2100 consultants et ingénieurs et l’innovation du groupe Orange.
« Nous sommes heureux de vous retrouver, aujourd’hui à Tunis, pour fêter les 10 ans de Sofrecom Tunisie. Ce sont désormais plus de 1000 emplois créés à Tunis depuis l’implantation de Sofrecom dans le pays. Les compétences hautement qualifiées de nos ingénieurs et développeurs formés dans les universités et écoles tunisiennes contribuent activement aux projets d’Innovation d’Orange. Nous sommes fiers de contribuer au développement économique de la Tunisie. », a déclaré Michaël Trabbia.
« Les engagements que nous avions pris pour la création d’emplois hautement qualifiés dans le secteur numérique, ont été dépassés. Sofrecom Tunisie est devenue aujourd’hui la 1ère entreprise de services numériques en Tunisie, et autre élément de fierté, plus de la moitié de ses ingénieurs sont des femmes. Nous comptons poursuivre cette belle dynamique de croissance et de mixité, et faire de la transformation digitale un levier fort de développement et d’inclusion en Afrique », a ajouté Guillaume Boudin, Directeur Général de Sofrecom.
Une croissance du capital humain X100 en 10 ans
Riche de sa diversité et de la mixité de ses équipes : 33 ans est la moyenne d’âge des équipes, 54% de nos ingénieurs sont des femmes, Sofrecom Tunisie répond à une double promesse : être un centre d’excellence à l’international et à haute valeur ajoutée pour le Groupe Orange et pour ses clients, ainsi qu’un acteur clé du développement numérique en Tunisie et en Afrique.
Afin de réaliser cette croissance, Sofrecom capitalise sur son expérience pour former les compétences du futur et préparer les métiers de demain et s’appuie sur un vivier de jeunes diplômés tunisiens formés dans les universités du pays. En plus des partenariats avec une grande partie des écoles d’ingénieurs locales depuis plusieurs années, l’entreprise mise sur une formation de qualité et une stratégie de rétention des talents qui lui permettent d’atteindre ses objectifs. De nouvelles activités très en vue en ce moment commencent à se développer à Tunis, sur les thèmes de l’Intelligence Artificielle (IA) et de Business Intelligence. En effet, en plus de la recherche, les équipes interviennent sur des composantes IA d’applications et services pour le compte de l’opérateur.
La Tunisie un vivier de compétences dans le numérique
Au cours des célébrations des 10 ans de Sofrecom Tunisie et dans le cadre de la table ronde organisée à cette occasion en présence de partenaires et acteurs de l’écosystème numérique en Tunisie, les intervenants ont rappelé les enjeux de la transformation numérique et l’importance du capital humain comme un élément essentiel à cette transformation.
La Tunisie au travers de son formidable réseau d’enseignement supérieur, est un levier majeur pour Sofrecom pour ses projets de recherche et d’innovation dans le secteur numérique. En effet, il est à noter que le pays est doté de 30 écoles publiques d’ingénieurs et 28 du secteur privé. Ces écoles assurent la formation des ingénieurs en 96 spécialités réparties sur 223 filières dont 60 filières en informatique.
L’objectif de Sofrecom Tunisie pour les années à venir est de former ses ingénieurs à ces métiers du futur et accompagner l’innovation. Son ambition aussi est de renforcer son engagement sociétal auprès de ses parties prenantes et son écosystème. D’abord en développant davantage les programmes déjà en place en faveur de l’inclusion numérique et la réduction de son impact environnemental ; ensuite en allant vers un engagement à plus large échelle via des partenariats à long terme avec les acteurs de la société civile.
À propos de Sofrecom, The Know-How Network
Sofrecom est un acteur de référence du conseil et de l’ingénierie dans le domaine des télécommunications, des NTIC et de la transformation digitale. Filiale du Groupe Orange, la société développe depuis 50 ans un savoir-faire unique dans les métiers de l’opérateur. Son expérience des marchés matures et des économies émergentes, conjuguée à une solide connaissance des évolutions structurantes de son secteur, en font le partenaire stratégique des opérateurs, des gouvernements et des investisseurs internationaux. Sofrecom dont les missions sont intrinsèquement vouées à l’international, compte 11 implantations dans le monde : France, Géorgie, Maroc, Algérie, Tunisie, Côte d’Ivoire, Middle-East (Dubaï et Arabie Saoudite), Bénin, Côte d’Ivoire, Indonésie, Argentine. Depuis sa création, elle a accompagné la transformation de plus 200 acteurs majeurs dans une centaine de pays en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Europe et en Amérique Latine. Forte de 2100 consultants, ingénieurs et analystes issus de plus de 32 nationalités, Sofrecom est riche de sa diversité. Avec l’appui de ses partenaires industriels et des experts de l’innovation d’Orange, elle offre aux organisations un réseau mondial de savoir-faire et d’expertises – The Know-How Network – au service de leur transformation et développement. Pour plus d'informations : www.sofrecom.com
À propos de Sofrecom en Tunisie
Sofrecom Tunisie, est un centre d’excellence et d’expertises digitales et IT qui s’appuie sur ses 1000 chercheurs, développeurs, consultant et ingénieurs hautement qualifiés sur sa proximité avec l’Europe pour répondre de façon souple et réactive aux besoins de ses clients locaux et internationaux. Sofrecom Tunisie est l’un des Hub régionaux de Sofrecom pour adresser ses clients en Afrique et au Moyen-Orient où elle offre des services de veille technologique et concurrentielle, de consulting et d’ingénierie réseaux ainsi que de déploiement de solutions SI.
Revendiquant 89% de la population couverte par son réseau 4G, Sonatel réfléchit déjà à la prochaine étape pour améliorer l’expérience des consommateurs. La société qui s’est toujours illustrée par son avant-gardisme dans l’innovation se montre disposée à basculer sur l’ultra haut débit.
A travers un second test de la 5G effectué mardi 14 décembre dans la commune de Saly, dans la région de Thiès, la Société nationale des télécommunications (Sonatel) du Sénégal a validé la compatibilité de plusieurs catégories d’équipements et confirmé sa capacité à offrir des services à ultra haut débit à ses consommateurs. Pour cette nouvelle expérimentation réussie, au cours de laquelle elle affirme avoir atteint un débit de 2 gigabit par seconde, la filiale du groupe télécoms Orange a bénéficié de l’expertise du groupe technologique finlandais Nokia.
Selon la Sonatel, ce deuxième test revêt un caractère spécial, car il permet également de réaffirmer que la société « investit massivement sur tous les territoires et qu’elle a la même ambition de qualité de service pour tous les sénégalaises et sénégalais, quelle que soit leur zone de vie ».
L’opérateur télécoms a souligné son ambition de faire « en sorte que la 5G soit un levier essentiel dans la transformation de notre société et de notre économie, dans des domaines clés comme l’agriculture, l’amélioration de la santé publique, l’éducation de nos enfants, l’entrepreneuriat et l’employabilité des jeunes dans l’acquisition de nouvelles compétences ».
Sonatel a testé pour la première fois la 5G au Sénégal le 24 novembre 2020, trois années après le lancement de la 4G+ survenu en septembre 2018. La société révèle avoir investi 439 milliards de Fcfa (757 millions de dollars) dans son réseau au Sénégal, depuis le renouvellement de la licence en 2016, pour offrir à ses clients une expérience incomparable. Elle réclame aujourd’hui une couverture de 89% de la population par la 4G. La 5G n’est en somme que l’évolution logique de ses ambitions de porter plus loin sa qualité de service.
La Sonatel a expliqué « qu’au-delà de l’amélioration de la vitesse, la 5G devrait faciliter l’émergence d’un immense écosystème IoT (Internet des objets) dans lequel les réseaux pourront répondre aux besoins en communication de milliards d’objets connectés, grâce à un compromis équilibré entre vitesse, latence et coût. La 5G permettra, en complément des réseaux 4G existants, de connecter plus de monde simultanément avec des débits jamais atteints jusque-là ».
La technologie laisse présager des revenus supplémentaires pour la Sonatel qui est à l’heure actuelle la seule société télécoms prête à la lancer sur le marché sénégalais.
Muriel Edjo
La Zone de libre-échange continentale africaine est opérationnelle depuis le 1 janvier. Elle est porteuse de nombreuses opportunités d’affaires pour le secteur de l’e-commerce en Afrique. Il est donc crucial que les politiques des pays soient adaptées. Smart Africa Alliance a décidé de s’en enquérir.
Le conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, vendredi 17 décembre, l’attribution d’une subvention de 1,5 million $ à la Smart Africa Alliance, un regroupement de 32 pays d’Afrique, d'organisations et de sociétés internationales qui partagent la vision d’un marché numérique unique sur le continent.
L’argent qui provient du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la Banque, servira à l’évaluation des lacunes politiques dans les écosystèmes du commerce numérique et électronique de dix pays que sont la Côte d'Ivoire, Bénin, Ghana, Liberia, Ouganda, Soudan du Sud, Zimbabwe, République du Congo, São Tomé et Príncipe et République démocratique du Congo.
Lacina Koné (photo), le président-directeur général de Smart Africa Alliance, a déclaré que « l'un des principaux défis qui empêchent le continent de se préparer à son nouvel avenir audacieux est l'incapacité d'effectuer des paiements transfrontaliers pour des biens et des services en raison d'un manque de solutions et de politiques paralysantes. Notre partenariat avec la Banque africaine de développement est crucial pour créer un environnement propice à la promotion des paiements électroniques, et l'économie numérique est essentielle pour la renaissance de l'Afrique ».
Dans le cadre de sa mission d’évaluation, Smart Africa Alliance consultera les acteurs des secteurs public et privé pour développer un programme de formation en ligne qui bénéficiera directement à 600 parties prenantes, dont des représentants du gouvernement, des petites et moyennes entreprises, des opérateurs de réseaux mobiles du secteur privé, et bénéficiera indirectement à 2 500 autres.
Depuis le 1er janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est officiellement entrée en activité. Elle offre un accès au marché à 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars dans les 55 Etats membres de l'Union africaine. Elle est présentée par la Commission économique africaine des Nations unies (CEA) comme un atout pour une véritable éclosion de l’e-commerce sur le continent. Mais pour que cette perspective se concrétise, il est important que le cadre légal du e-commerce, propre à chaque nation, soit favorable aux échanges internationaux.
Nicholas Williams, le chef de division de la Banque pour les opérations TIC, a affirmé que « ce projet est à la fois opportun et vital. Pour que le continent crée un marché numérique unifié d'ici 2030, les efforts doivent se concentrer sur l'harmonisation et la construction d'un environnement politique cohérent pour le commerce intracontinental ».
Muriel Edjo