Parmi les secteurs d’activités qui suscitent de plus en plus l’intérêt des consommateurs en Afrique figure celui de la mobilité. Le développement de la connectivité et le changement des habitudes de consommation de la data transforment progressivement le marché, qui attire de plus en plus d’investisseurs.
L’entreprise estonienne de mobilité partagée Bolt, qui gère l'application mobile éponyme permettant de commander un chauffeur depuis son smartphone, annonce l’ouverture d’un quartier général régional à Nairobi au Kenya. L’installation qui accueillera les cadres supérieurs exécutant des opérations en Afrique, servira de base opérationnelle pour piloter le développement des activités de l’entreprise dans la sous-région Afrique de l’Est.
Le directeur régional de Bolt, Paddy Partridge, a justifié le choix de Nairobi au regard de « son emplacement stratégique dans la région ». Selon lui, « l'infrastructure disponible nous a permis de nous développer énormément sur le marché de l’Afrique de l'Est et nous pensons que nous pouvons en tirer parti pour en faire encore plus sur l'ensemble du continent ».
Il a affirmé que « ce n’est que le début. Nous espérons qu'il [le quartier général, Ndlr] nous permettra de développer un modèle cohérent d'engagement pour les villes durables, qui contribuera à améliorer les services municipaux et les transports urbains pour les millions de personnes de la région ».
Bolt est actuellement opérationnel dans sept pays africains : le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, le Nigeria, le Ghana, l'Afrique du Sud et la Tunisie. Il y a quelques mois, la société a révélé des difficultés opérationnelles en Tanzanie. En avril 2022, elle évoquait même l’éventualité d’une interruption d’activités dans ce pays où Uber a déjà suspendu ses opérations en raison de l'environnement réglementaire difficile.
Nairobi confirme à travers ce nouvel investissement étranger la maturité de son écosystème économique propice aux affaires. La ville accueille déjà un studio d'innovation de la société américaine de services financiers Visa, un centre de recherche et de développement de Microsoft. En avril dernier, Google annonçait l’installation dans la ville de son tout premier centre de développement du continent.
Bolt ambitionne d’exploiter la pénétration croissante des smartphones en Afrique de l’Est, le développement de la demande en connectivité suscitée par la Covid-19, la croissance de l’industrie du paiement mobile, pour se renforcer dans la sous-région et s'étendre sur tout le continent.
Samira Njoya
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La cryptomonnaie est au centre des discussions financières mondiales. En Afrique, elle suscite beaucoup de passions. Si plusieurs banques centrales ont interdit toutes activités autour, la réglementation n’étant pas encore adaptée, certains pays gardent l’esprit ouvert.
Changpeng Zhao (photo, à droite), fondateur et PDG de Binance (la plateforme mondiale d’achat, de vente et de stockage de cryptomonnaie), s'est récemment rendu en Côte d'Ivoire et au Sénégal. C’était dans le cadre de sa tournée mondiale pour se connecter et collaborer avec les décideurs politiques, a révélé l’entreprise le jeudi 7 juillet. Lors de son séjour dans les deux pays, Changpeng Zhao, a rencontré les présidents Alassane Dramane Ouattara (photo, à gauche) et Macky Sall.
« Nous avons discuté essentiellement des questions économiques et financières, surtout à l’accès à la cryptomonnaie qui aujourd’hui fait partie des activités économiques des différents pays du monde. Nous comptons sur l’appui et le soutien du gouvernement ivoirien pour nous permettre d’être présents dans les échanges commerciaux à venir », a expliqué Changpeng Zhao. Il a ajouté que « l'Afrique est prête pour l'adoption de la cryptographie, car la blockchain offre une accessibilité financière qui n'est actuellement pas disponible pour de nombreux Africains ».
Le président-directeur général de Binance a aussi annoncé la signature, au cours de la visite de travail à Dakar, d’un partenariat avec JokkoLabs, un espace de collaboration dédié à l’innovation, à la mise en réseau et à la recherche. Binance s’appuiera sur cette coopération pour mener des activités de sensibilisation et d’éducation à la blockchain dans les communautés d'Afrique francophone. Le but est d'accroître l'alphabétisation et les compétences en matière de blockchain.
Depuis l’année dernière, Binance multiplie les actions en Afrique pour mieux préparer le continent aux enjeux et usages de la cryptomonnaie et des actifs crypto. Sa dernière activité, Crypto Académie, un programme mensuel de formation sur la crypto et le trading, a été lancée en mars dernier au Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire et Togo.
Changpeng Zhao est certain qu’avec les différents partenariats qui se tissent en Afrique, il est possible de faire du continent l’un des leaders mondiaux de la cryptomonnaie, d'aider les passionnés à créer des solutions de blockchain et à résoudre des problèmes du monde réel. « Ensemble, nous renforcerons la région en tant que plaque tournante de l'innovation et de l'entrepreneuriat blockchain », a-t-il affirmé.
Samira Njoya
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L’industrie des objets connectés s’est développée à travers le monde au cours des dix dernières années. Avec la 5G, elle va croître davantage. C’est une opportunité d’emplois en Afrique où la main-d'œuvre qualifiée dans des secteurs technologiques de pointe fait encore défaut.
Les universités virtuelles du Mali, du Sénégal et de la Tunisie, en partenariat avec le groupe français d'écoles d'ingénieurs INSA, à travers son service commun dédié à l’ingénierie pédagogique (OpenINSA), lancent un cursus académique de trois ans orienté sur l’Internet des objets (IoT) en septembre 2022. Les quatre partenaires l’ont dévoilé le jeudi 23 juin.
La formation en ligne intègre entre autres des cours sur la sécurité et l’architecture des objets connectés, la maintenabilité et la fiabilité d’une architecture d’objets connectés, la création d'applications informatiques liées à des objets connectés et les bases de la data science.
« Les ressources conçues dans le cadre de ce partenariat sont placées sous licence Creative Commons. Elles sont mises à disposition dans un espace ressource de tous les enseignants-chercheurs des établissements partenaires du projet. C’est toute la force de ce projet. Avoir fédéré autour de lui une solide communauté », a déclaré Jean-Yves Plantec, le directeur d’OpenINSA.
C'est depuis 2019, dans le cadre du programme d’Appui au développement de l’enseignement supérieur français en Afrique (ADESFA), que les universités virtuelles du Mali, du Sénégal et de Tunisie et le Groupe INSA préparent ce cursus IoT. De début 2020 à mai 2022, ils sont entrés dans une nouvelle phase de leur collaboration en se concentrant sur l’élaboration d’une formation en ligne, accessible en priorité à des étudiantes et étudiants de deuxième année de licence, mais aussi à des personnes en reconversion et des salariés, dans le cadre de la formation tout au long de la vie.
Au sortir de cette formation virtuelle, l’Afrique pourra compter sur cette main-d’œuvre hautement qualifiée dans ce secteur innovant. Au cours des dix dernières années, l’industrie des objets connectés a connu une croissance rapide. Bracelets, montres, enceintes et autres outils connectés s'immiscent dans le quotidien. Rien qu'entre 2018 et 2019, 2,5 milliards d’objets connectés ont été vendus dans le monde selon la Banque des Territoires.
Samira Njoya
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Le nombre d’abonnés aux services financiers sur mobile a progressé en Afrique au cours des dix dernières années. Il avoisine déjà 200 millions selon la GSMA. Le coût des services qui a parfois freiné leur adoption est en train de chuter avec l’arrivée de nouveaux acteurs très ambitieux.
Wave Mobile Money S.A. a obtenu un financement de 90 millions d’euros d’un groupe d’investisseurs menés par la Société financière internationale (SFI). La branche de la Banque mondiale dédiée à l’investissement dans le secteur privé a apporté 25 millions d'euros dans l’opération. Des prêts d’un montant total de 41 millions d’euros ont été mobilisés par Symbiotics, Blue Orchard, responsAbility et Lendable, alors que des prêts parallèles d’une valeur totale de 24 millions d’euros ont été octroyés par Finnfund et Norfund. L’argent servira au développement des activités de l’entreprise au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Selon la fintech qui a dévoilé l’information le mercredi 6 juillet, « outre le financement des opérations des deux sociétés [Wave Côte d'Ivoire et Wave Sénégal], le soutien de la SFI favorisera la mise en place d'un environnement propice au développement des services de mobile money dans la région grâce à l’offre de service de Wave, caractérisée par une grille tarifaire plus simple et des coûts de transaction réduits. Cela devrait permettre d’accroître la fréquence et la valeur des transactions et favoriser de nouvelles formes d’utilisation, en particulier parmi les clients à faible revenu ».
L’investissement de la SFI dans Wave Mobile Money S.A. intervient après celui de 5 millions $ (4,9 millions d'euros) effectué en septembre 2021 dans Wave Mobile Money Holdings Inc. dans le cadre d’un co-investissement avec Partech Africa.
« La vision de Wave, qui consiste à faire de l’Afrique le premier continent "cashless", en proposant des solutions abordables et orientées vers les utilisateurs, correspond aux ambitions d’IFC en matière d’inclusion financière universelle », a déclaré Coura Sène, la directrice régionale de Wave Mobile Money pour la zone couvrant l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Pour Aliou Maïga, le directeur régional de la SFI pour l'Afrique de l’Ouest et centrale, cet investissement de l’institution et de ses partenaires du jour « va nous aider à offrir une variété de produits financiers, ce qui encouragera les utilisateurs à rester dans le secteur financier formel et favorisera l’inclusion financière dans la région ».
« Notre investissement dans Wave va non seulement promouvoir un secteur financier plus inclusif, mais il va aussi grandement contribuer à favoriser l’essor des solutions numériques en Afrique de l'Ouest », a-t-il souligné.
Muriel Edjo
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Ce nouveau modèle innovant et inclusif va permettre d’élargir l'accès à une éducation numérique de qualité et d’offrir des opportunités de travail aux porteurs de projets innovants au Sénégal.
C’est la ville de Dakar qui a été choisie pour le lancement et l’implantation de la toute première zone d’intelligence collective portée par l’agence de talents panafricaine « 01Talent Africa » en partenariat avec Atos, un leader international de la transformation digitale. Le nouveau centre d’intelligence collective appelé Zone01 a été lancé le lundi 4 juillet 2022 dans les locaux d'Atos Africa, qui accueilleront en septembre prochain 120 futurs jeunes talents originaires du Sénégal.
Lors de la cérémonie du lancement, Alpha Barry, directeur Afrique d'Atos, a donné les raisons pour lesquelles l’Afrique est le continent idéal pour le développement dudit projet. Il explique « qu’avec une moyenne d'âge de 19 ans, l'Afrique est le continent le plus jeune du monde et représentera 40 % de la population mondiale d'ici la fin du siècle. En travaillant avec 01Talent en Afrique, nous offrons à cette jeunesse l’opportunité de libérer son potentiel créatif afin qu’elle contribue à l’innovation et à la transformation digitale du continent ».
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique qui a pour but d’accélérer la transformation digitale en Afrique, en permettant de massifier les compétences numériques de niveau international par une offre de formation d’excellence, innovante et inclusive sur le continent.
« Cette initiative stratégique confirme l’engagement de 01Talent et d’Atos dans la création d’un écosystème technologique africain renforcé par la formation de talents de niveau international essentiels à la réalisation de la transition digitale du continent. C’est une opportunité énorme de création d’emplois pour les jeunes et de valeur pour les entreprises locales. Tous deviennent acteurs du changement », a précisé Karim Sy, le directeur stratégique de 01Talent Africa.
Au terme de cette première expérience qui débutera en septembre 2022, les résultats attendus sont, entre autres, la création d’une force collective qui accélèrera la transformation digitale de l’Afrique, la transformation digitale des territoires et des entreprises du Sénégal et l’autonomisation de la première cuvée d’apprenants.
Après Dakar, Atos et 01Talent développeront leur partenariat avec l’ouverture de nouvelles Zone01 sur le continent africain, notamment en Égypte, au Maroc et en Mauritanie.
Samira Njoya
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L’infrastructure financière unifiée a été développée et peaufinée au cours des trois dernières années par le gouvernement avec l’expertise technique de la société nigériane eTransact. Elle traduit la volonté des pouvoirs publics d’accroître l’inclusion numérique.
La ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a officiellement lancé la plateforme nationale d’agrégation des moyens de paiement électronique (NPSI), mardi 5 juillet à Yaoundé. Accessible via le code USSD #237#, cette initiative du gouvernement camerounais a comme objectifs une meilleure traçabilité des flux financiers numériques dans le contexte actuel de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, et de promotion de l’économie numérique.
Selon Pierre Kaldadak, le directeur général de la Cameroon Postal Services (Campost), l'entité publique chargée de l’hébergement et de la gestion de cette infrastructure financière pour le compte de l’État, l’avantage qu’offre ce service réside dans « l’équité d’accès à l’interconnexion, la réduction des coûts d’accès aux services à valeur ajoutée, la visibilité et la traçabilité de toutes les transactions non bancaires, bancaires et extra-bancaires ». Il certifiera le traitement des transactions financières de tout instrument électronique de paiement (carte, porte-monnaie électronique, transfert de fonds, etc.).
Le DG de Campost a indiqué qu’actuellement « tous les opérateurs télécoms sont agrégés à la plateforme ainsi qu’une quarantaine d’entreprises, et un bon nombre d’entreprises sont en attente de connexion ».
En gestation depuis 2018, la plateforme nationale d’agrégation des paiements électroniques est une infrastructure qui permet aux prestataires de services financiers traditionnels d’offrir leurs services via un téléphone mobile ou via Internet à travers un code USSD unique ; elle a été inaugurée le 30 juin 2020. Sa réalisation avait bénéficié de l’expertise technique de l’entreprise nigériane eTranzact.
Pour Minette Libom Li Likeng, la NPSI contribuera entre autres à la réduction de la dépendance des consommateurs au cash, au renforcement de l’inclusion financière ; elle stimulera l’innovation à travers le développement d'applications publiques et privées, ainsi que la promotion des start-up. Cette infrastructure numérique « constitue l’utilitaire central, partagé, des systèmes numériques et de paiement du Cameroun », avait-elle affirmé.
Samira Njoya
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Il y a cinq ans, la Banque mondiale s’est engagée à soutenir financièrement le gouvernement ougandais dans l’acquisition d’infrastructures télécoms de qualité. Avec plus d’un demi-milliard de dollars de financement décaissé, le pays s’est doté de moyens techniques pour l’économie numérique.
Le gouvernement ougandais, à travers l’Autorité nationale des technologies de l’information (NITA-U), s’est réjoui des nombreuses réalisations accomplies par le Programme régional d'infrastructures de communication (RCIP) qui arrive à son terme le 16 août prochain.
Lors d’une conférence de presse, organisée le mercredi 29 juin à Kampala, Hatwib Mugasa (photo), le directeur exécutif de la NITA-U, a dévoilé quelques-uns des succès enregistrés par cette initiative, notamment l’amélioration de l’accès à Internet grâce aux 1 606 km du réseau national de fibre optique, les 300 points Wi-Fi déployés à travers les villes principales du pays. Il y a aussi la dématérialisation des services publics, la mise en place des services d’identification numérique et de signature électroniques (Ug-Pass).
Hatwib Mugasa déclare qu’en cinq ans, le RCIP enregistre un taux d'achèvement de 100 % sur toutes ses composantes. Selon lui, c'est grâce à ce programme que le gouvernement a pu réduire ses dépenses dans les capacités data internationales. La facture mensuelle de bande passante de l'État est ainsi passée de 300 $ par mégabit par seconde (Mbps) en 2016 à 70 $ actuellement. Il a révélé qu’un total de 725 ministères, départements et agences publics, ainsi que des sites gouvernementaux locaux et des groupes d'utilisateurs cibles ont pu être connectés au réseau national de fibre optique.
Le RCIP a été lancé en 2016 en Ouganda. Il a été financé à hauteur de 775 millions $ par la Banque mondiale avec plusieurs objectifs, dont l’amélioration de l’accès à Internet, la mise en oeuvre d’un environnement propice à l’e-gouvernement.
Avec les succès acquis au cours des cinq dernières années, l’Ouganda s’est doté de moyens pour entamer sa transformation numérique. Aujourd’hui, le gouvernement peut proposer aux populations plusieurs services innovants, notamment l’e-santé, l’éducation à distance, le paiement des taxes en ligne et bien d’autres.
Samira Njoya
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Le besoin en connectivité s’est accéléré à travers le monde dès 2020. Dans plusieurs pays, l'Internet est aujourd’hui considéré comme un service de base au même titre que l’eau potable et l’électricité. En Afrique, cette perception est porteuse de nombreux changements sur le marché télécoms.
La société technologique suédoise Ericsson indique que l’Afrique subsaharienne enregistrera 78 % d’abonnements Internet mobile haut débit au cours des cinq prochaines années. Dans son rapport de mobilité de juin 2022, elle explique que cela sera dû aux abonnements 4G qui continueront d’augmenter. Rien qu’en 2021, le nombre d'abonnements mobile dans cette technologie a crû de 26 %.
Pour Ericsson, cette forte croissance de la 4G devrait se poursuivre au cours de l'année 2022 portée par la migration des consommateurs vers les appareils adaptés. « Le trafic de données mobiles 3G continue d'augmenter, mais la majorité de la croissance du trafic devrait se faire dans la 4G », souligne l’entreprise. Mais il faut préciser que la 3G enregistrera encore la majorité des abonnements mobiles en 2027, soit 40 % contre 28 % pour la 4G. Pour ce qui est de la 5G, l’ultra haut débit, elle représentera 10 % des abonnements Internet mobile en 2027.
Source : Ericsson.
Dans certains marchés comme l'Afrique du Sud et le Kenya, où ont été effectuées de récentes attributions de fréquence, les fournisseurs de services ont pu étendre la couverture et la capacité des réseaux 3G/4G, ce qui a entraîné une augmentation des abonnements au haut débit mobile. Avec le changement des habitudes de consommation d’Internet induit par la crise de Covid-19, Ericsson estime que le trafic data moyen par smartphone en Afrique subsaharienne devrait atteindre 11 gigaoctets par mois d’ici 2027.
L’Afrique sera le seul marché mondial où la 2G aura encore une présence conséquente en 2027. La technologie représentera près de 20 % des abonnements mobiles contre une moyenne d’environ 7 % sur l’ensemble des autres continents.
Muriel Edjo
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Les problèmes de litiges dans le secteur foncier sont légion en Afrique. Entre la lourdeur administrative et les documents acquis illicitement, l’administration guinéenne a décidé de se tourner vers la technologie pour apporter une solution viable aux populations et aux investisseurs.
Le ministère guinéen de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire a lancé, mercredi 29 juin, l’application habitatguinee.app. L’objectif est d’aider les populations, en l’occurrence les demandeurs de bail, à aisément réaliser les formalités administratives et mettre un terme aux nombreux dysfonctionnements constatés dans le secteur depuis des années.
Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, explique lors de la cérémonie de lancement que « le projet vise clairement à promouvoir l’efficacité et la sécurisation dans la mobilisation des recettes de l’État en minimisant les risques éventuels qui s’y attachent ».
Présent à la cérémonie, le Premier ministre Mohamed Béavogui (photo, au centre) ajoute « qu'avoir un bail valide et sécurisé est une condition nécessaire aussi bien pour les citoyens qui aspirent à avoir un toit ainsi que pour les investisseurs ».
L’application dispose de dix modules et sa configuration est accessible à une poignée de personnes habilitées. Il est impossible d’y naviguer sans une inscription préalable.
Selon Souleymane Diallo, technicien de Global High Tech, partenaire du ministère dans la conception de la solution, « l’application fait intervenir tous les départements et toutes les structures impliquées dans l’établissement des contrats de baux en Guinée. Elle permet de dématérialiser tout le processus d’attribution de baux et de recueillir l’ensemble des baux existants sur le territoire dans la même plateforme ».
Adoni Conrad Quenum
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Alors que la transformation numérique prend de l’ampleur en Afrique, la dématérialisation des services publics s’intensifie. L’authentification des usagers devient nécessaire pour garantir la confiance en ligne. Certains pays prennent déjà des dispositions à cet effet.
Le ministère des Technologies de la Communication a signé, vendredi 1er juillet, un accord de partenariat avec l’Agence nationale de certification électronique et les opérateurs télécoms pour la mise en œuvre de l’identité numérique mobile « mobile ID ». Ce projet naissant permettra d’associer le numéro de carte d'identité nationale des citoyens à leur numéro de téléphone.
« Ce nouveau service va permettre de renforcer les solutions de confiance numérique en Tunisie, et ce, en mettant à la disposition du citoyen un nouvel outil simple et sécurisé d’utilisation lui permettant d’accéder à tous les services numériques et d’avoir en outre une signature numérique », a indiqué dans un communiqué Nizar Ben Néji, le ministre des Technologies de la Communication.
Les opérateurs téléphoniques auront en charge la vérification de l'identité des citoyens et de joindre leurs numéros de carte d'identité nationale à leur numéro de téléphone. Le Centre national de l’Informatique aura la responsabilité de créer un matricule unique pour chaque citoyen.
L’Agence nationale de certification électronique créera un QR Code via lequel le citoyen pourra signer électroniquement des documents administratifs en ligne. A terme, en cas de besoin d’un document administratif, tout Tunisien pourra se connecter sur la plateforme de l’administration en question, s’identifier avec son matricule, demander le document dont il a besoin ; le signer si nécessaire.
Le projet d’identification numérique mobile annoncé depuis le mois de février 2021 entre dans le cadre du processus d’accélération de la transformation numérique dans le pays. Il permettra selon le ministre des Technologies et de la Communication de se débarrasser définitivement de la signature légalisée et de la copie conforme.
« Le Mobile ID » viendra faciliter l’accès des Tunisiens aux 120 services administratifs déjà en ligne dans le pays. Le ministère explique que le service sera déployé progressivement avant sa généralisation à toutes les administrations.
Samira Njoya
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L’espace abrité par Orange Digital Center est une opportunité offerte aux porteurs de projets et aux entreprises d’éprouver la qualité de leurs produits et services tech. Une sorte de test à petite échelle avant le grand lancement.
Le tout premier laboratoire 5G d’Orange (Orange 5G Lab) en Afrique a ouvert ses portes à Dakar au Sénégal. Destiné à l’écosystème numérique et aux acteurs économiques, cet espace dédié à l’expérimentation et au développement de produits et services compatible avec la technologie télécoms a officiellement été inauguré, jeudi 30 juin, par Sékou Dramé, le directeur général de la Société nationale des télécommunications (Sonatel), et le directeur de la technologie et de l’innovation d’Orange, Michaël Trabbia.
Très fier d’inaugurer avec @SekouKDrame l’#Orange5GLab de #Dakar !
— Michaël Trabbia (@MichaelTrabbia) June 30, 2022
Moins de 18 mois après l’Europe, c’est le 1er laboratoire des usages #5G en #Afrique 👍👍👍
Merci à toutes les équipes @GroupeSonatel @orange_sn @Orange #Innovation 🙏 pic.twitter.com/pqN9PXatLR
Michaël Trabbia a déclaré que la 5G est un levier de compétitivité des entreprises et de développement des territoires. C’est la raison pour laquelle Orange est engagée dans une démarche de co-innovation autour de la 5G pour créer les usages de demain. « L’ancrage territorial est clé dans le dispositif Orange 5G Lab, pour soutenir la transformation numérique des acteurs économiques, et aider chacun à tirer parti du potentiel de la 5G », a-t-il soutenu.
Orange 5G Lab Dakar est logé à l’Orange Digital Center de Dakar dans une salle de 108 m² avec plusieurs univers pouvant servir d’espace de démonstration de services de réalité virtuelle et réalité augmentée, d’espace gaming ou de co-working. Cet espace offre des cas d’usages dédiés aux entreprises dans plusieurs domaines (e-Santé, smart port, smart édu, smart Agri) en partenariat avec les fournisseurs de technologie Huawei et Nokia ; des démos en co-innovation avec l’écosystème et les startups : Caytu en partenariat avec la Dakar American University of Science and Technology (DAUST), Senvital en partenariat avec la médecine d’entreprise Sonatel.
Orange 5G Lab Dakar est le 14e espace technologique du genre à être inauguré par le groupe télécoms français sur l’ensemble de ses marchés. Il y en a déjà dix en France et un en Roumanie, en Belgique et en Pologne. Plus de 1 200 entreprises et collectivités ont déjà bénéficié de l’espace technologique, 114 ont pu mettre en œuvre une expérimentation autour de leurs propres cas d’usage.
Au Sénégal, l’introduction de la 5G associée à de nouvelles technologies telles que le Big data, l’IA, la réalité augmentée vise à stimuler la transformation de la société et de l’économie sénégalaise dans des domaines clés comme l’agriculture, la santé publique, l’éducation, l’entrepreneuriat et l’employabilité des jeunes.
Ruben Tchounyabe
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Le tech entrepreneur camerounais Vincent Onana Binyegui n’a rien perdu de sa volonté d’améliorer l’accès de tous à une éducation de qualité, surtout en zone rurale. Depuis 2016, il a multiplié les actions pour développer sa start-up et les solutions qu’elle propose.
La start-up camerounaise Teachmepad Mobile Limited, conceptrice des tablettes éducatives solaire « Teachmepad », recherche 5 millions d'euros pour financer le projet d’implantation d’une usine d’assemblage de ses appareils dans le pays. Il a lancé à cet effet une levée de fonds en pré-série A le mercredi 1er juin. Les 5 millions d’euros seront répartis en financement participatif par action de 420 000 euros et en financement participatif par prêt de 4,573 millions €. L’opération devrait prendre fin au 1er juin 2023.
« Le projet d'implantation au Cameroun d'une usine d'assemblage des tablettes numériques solaires brevetées en pleine deuxième levée de fonds (5 000 000 €) a fait l'objet d'un examen des services techniques de la Société nationale d’investissement (SNI) », a révélé Vincent Onana Binyegui, le fondateur et président-directeur général de Teachmepad, au terme d’une séance de travail à laquelle il était convié par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).
L’usine « Teachmepad Mobile Industry » créera 200 emplois directs, soutient Vincent Onana Binyegui. Après le démarrage des travaux de construction, il sera question pour la start-up de se doter en Chine d’une unité à capacité de production de 5 000 tablettes par jour tournant à moins de 20 % de régime avec 10 employés pour la première année, avant de passer progressivement à une équipe forte de 205.
Au cours des séances de travail avec les experts du gouvernement, la SNI a recommandé un appui de l'État pour redimensionner le projet et le rendre suffisamment bancable pour un accompagnement technique et financier additionnel. SNI recommande par ailleurs d'associer à l'usine d'assemblage, un partenaire technique, de préférence manufacturier de composants mobiles, pour garantir les volets « approvisionnement et préparation de la matière première » conformément à la capacité de production de l'usine.
En 2021, à l’issue d’une première levée de fonds lancée en 2020, la start-up avait réussi à rassembler près de 1,219 millions d’euros d’investisseurs français et camerounais. Ce montant a notamment permis d’acquérir un site d’une superficie de 5 hectares sur lequel sera implantée l’usine ; de passer des prototypes à la production des exemplaires de préséries commerciales à l’imprimante 3D ; et de progresser dans les procédures administratives et les études nécessaires à la réalisation d’un tel projet.
La tablette éducative solaire Teachmepad embarque du contenu éducatif préinstallé et accède à Wikipédia sans Internet. Elle a été conçue comme une solution d’apprentissage dans les zones rurales en proie au faible accès à Internet, au faible nombre d’enseignants et au mauvais accès à l’électricité. Elle a reçu le brevet d’invention de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).
« Nous ambitionnons de devenir le fournisseur agréé des États africains, en tablettes numériques solaires brevetées « Teachmepad », afin qu’ils réalisent aussi aisément leurs collectes de données ou travaux statistiques de recensement général des populations n’importe où, jusque dans les zones confrontées au problème d’accès à l’électricité et à Internet », a déclaré Vincent Onana Binyegui.
Ruben Tchounyabe
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Dans le but d’améliorer les performances des étudiants guinéens, les autorités ont décidé de se lancer sur la piste de la technologie. Elles se sont mises d’accord avec des partenaires stratégiques.
Le ministère guinéen de l’Enseignement supérieur a signé le lundi 27 juin un protocole d’accord avec la fondation Orange Guinée dans le cadre de la numérisation de son écosystème d’apprentissage. Le projet portera entre autres sur les bibliothèques numériques, la connectivité et l’université virtuelle.
« Le numérique est au centre de notre plan d’action à travers la lettre de mission reçue du Premier ministre, mais aussi par la concrétisation de cela par la feuille de route du ministère. En effet, il devient impératif que nous nous engagions à construire l’avenir du système éducatif guinéen à travers l’usage des technologies », a affirmé Thierno Hamidou Bah (photo, à gauche), chef de cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Diaka Sidibé.
D’après le classement des pays africains selon le niveau de numérisation des services publics, la Guinée occupait le 181e rang mondial en 2018, contre le 183e en 2020. Elle a donc perdu deux places à cause de la covid-19 et compte relancer sa transformation numérique à travers des projets comme celui-ci. Elle peut compter sur Orange, un acteur actif sur le continent africain dans la transformation numérique.
Amina Abou Khalil Nyame (photo, à droite), administratrice générale de la fondation Orange Guinée, explique qu'avec le « constat indéniable, indiscutable de la place du numérique, la fondation orange Guinée a très rapidement décidé de faire du numérique un véritable levier de développement humain ». Elle indique également que la volonté de sa fondation est de rendre accessible le numérique à toutes les couches de la population.
Adoni Conrad Quenum
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Après le Bridge Fund porté par Digital Africa et déployé par Proparco en novembre 2020, les deux institutions s’associent à nouveau pour un nouveau projet, Fuzé, attendu d’ici trois mois. Ce dispositif vise à soutenir des entreprises innovantes en phase d’amorçage en Afrique.
La plateforme Digital Africa, dédiée au soutien des start-up numériques et à fort potentiel en Afrique et Proparco qui finance des entreprises privées, dans plusieurs régions dans le monde, dont l’Afrique, lanceront conjointement en septembre prochain, le fonds Fuzé. Présenté comme « une solution de financement adaptée à l’amorçage des start-up d’Afrique francophone », ce nouveau véhicule soutiendra près de 200 start-up africaines, à différents stades de leur croissance.
Conscient du fait que « l’amorçage est l'un des moments les plus difficiles du parcours entrepreneurial en Afrique », le fonds Fuzé a choisi de s'intéresser spécifiquement aux entreprises en phase d'amorçage, avec pour objectif de « créer l’effet de levier nécessaire pour passer le cap des débuts, autrement difficile à franchir sans soutien », explique Proparco.
Bien avant cette nouvelle initiative, Digital Africa et Proparco avaient conjointement lancé en novembre 2020, le fonds Bridge doté d’un capital de 5 millions d’euros et dédié au financement d’entreprises innovantes en Afrique. En deux ans d’existence, ce fonds a financé 11 start-up, pour un montant total de 3,88 millions d’euros.
Avec le nouveau véhicule, les deux structures financeront des start-up dont les besoins de financement oscillent entre 20 000 et 30 000 euros. Le financement sera accordé par palier et conditionné aux progrès et à la réussite des entreprises. Au-delà du capital, les deux associés mettront à disposition des entreprises bénéficiaires, un large éventail d’offres et de solutions pour renforcer leur croissance dans leurs marchés respectifs.
En Afrique, la tech poursuit sa dynamique de croissance. En 2021, l’ensemble des start-up du continent ont levé 5,2 milliards $ en equity, selon Partech. Par rapport à 2020, les montants investis ont triplé et les activités de financement ont doublé. Selon la plateforme Africa : the big deal, ce montant pourrait encore progresser jusqu’à atteindre 7,3 milliards $ de fonds levés d’ici la fin de l’année, à condition que la collecte de fonds entamée depuis le début de l’année 2022 poursuive le même rythme tout au long de l’année.
Chamberline MOKO