Les Etats du Nigeria multiplient les initiatives pour accélérer leur transformation numérique dans le cadre de l’objectif du gouvernement fédéral. L’initiative touche tous les secteurs de l’économie, dont l’éducation.
Au Nigeria, le Territoire de la capitale fédérale (FCT) envisage de déployer plus de 1000 ordinateurs portables dans ses écoles secondaires. D’un coût estimé à environ 990 millions de nairas (environ 589 000 $), l’acquisition de ces appareils a été approuvée par le Conseil exécutif du FCT lors de sa réunion du lundi 25 novembre.
Selon Danlami Hayyo, secrétaire à l’éducation du FCT, les ordinateurs portables seront préchargés avec des contenus éducatifs et des matériaux d’apprentissage axés sur les compétences professionnelles.
« Les écoles du FCT vont maintenant se transformer en système d'éducation numérique, nous allons passer d'une salle de classe normale d'enseignement et d'apprentissage à un système d'apprentissage basé sur l'éducation aux médias », a déclaré Chidi Amadi, chef de cabinet du ministre du FCT.
L’acquisition des ordinateurs portables fait partie d’une stratégie plus large visant à numériser le système éducatif afin d’améliorer la qualité de l’enseignement dans le FCT. Le Conseil exécutif a récemment approuvé un contrat pour l’acquisition de matériels d’examen. En septembre dernier, le FCT a lancé un programme de formation de 3000 enseignants du primaire aux méthodes d'enseignement numérique.
L’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) estime que la technologie numérique offre deux grands types de possibilités. « Premièrement, elle peut améliorer l'enseignement en comblant les lacunes en matière de qualité, en multipliant les occasions de s'exercer, en augmentant le temps disponible et en personnalisant l'enseignement. Deuxièmement, elle peut engager les apprenants en variant la façon dont le contenu est représenté, en stimulant l'interaction et en incitant à la collaboration », peut-on lire dans le Global Education Monitoring Report 2023.
Isaac K. Kassouwi
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Elle est convaincue que la technologie peut jouer un rôle clé dans l’épanouissement des enfants et des jeunes, en les aidant à révéler tout leur potentiel. Pour cela, elle conçoit des programmes destinés à les former dans différents domaines.
Nancy Sumari (photo) est une entrepreneure tanzanienne engagée dans l’éducation et l’innovation technologique. Elle a fondé Jenga Hub, un centre éducatif qui utilise la technologie pour rendre l’apprentissage plus interactif, inclusif et créatif.
Créé en 2016, Jenga Hub offre aux enfants et aux jeunes un espace où ils peuvent développer leurs compétences numériques. Le centre les initie à la création et à l’innovation en utilisant des outils technologiques. Les participants y conçoivent des œuvres d’art, des animations, des simulations, des sites web, des projets robotiques, des compositions musicales et des présentations multimédias.
Jenga Hub fait partie d’un réseau mondial qui regroupe des enfants et des enseignants de 44 pays, tous engagés à renforcer les compétences des générations futures grâce à la technologie. Aujourd’hui, plus de 12 000 élèves participent aux clubs STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) de l’organisation, répartis dans 50 écoles, et plus de 500 enseignants y ont été formés.
Avant de créer Jenga Hub, Nancy Sumari a fondé en 2013 la Neghesti Sumari Foundation, qui œuvre pour la transformation des communautés par l’éducation, la technologie et l’agriculture.
La Tanzanienne est diplômée de l’université de Dar es Salaam où elle a obtenu en 2014 un bachelor en commerce, gestion et marketing. Elle détient aussi un master en développement économique et international obtenu en 2022 à l’University College London (UCL) au Royaume-Uni.
Sa carrière professionnelle a débuté en 2006 chez Sahara Communication Ltd, où elle était responsable de la programmation. En 2009, elle a pris la direction générale de Bongo5 Media Group, un média tanzanien. Plus récemment, en 2021, elle a rejoint Designathon Works, une organisation dédiée à l’éducation des enfants, en tant que directrice des partenariats stratégiques.
Melchior Koba
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JADA, un pôle de talents en matière de données et d'analyse basé à Lagos, a obtenu un financement d'un million de dollars pour former et déployer la prochaine génération de professionnels de l'IA et des données en Afrique. Fondée en 2024 par Massimiliano Spalazzi, ancien PDG de Jumia Nigeria, et Olumide Soyombo, co-fondateur de Bluechip Technologies, la start-up vise à remédier à la pénurie mondiale de talents en IA en formant plus de 100 professionnels par an.
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Il cumule plus de 7 ans d’expérience dans l’informatique, la gestion de projet, le développement commercial et les opérations. Il met la technologie au service de l’éducation en Afrique, rendant celle-ci plus accessible à tous.
Pacifique Nezerwa (photo) est un entrepreneur social et technologique rwandais. Il est le fondateur et le président-directeur général de Nelevat, une entreprise sociale de technologie éducative qui a pour mission d’élever le niveau de l’éducation et de permettre aux apprenants de libérer tout leur potentiel.
Fondée en 2023, Nelevat propose une large gamme de ressources éducatives, des activités interactives et des retours immédiats, permettant ainsi aux apprenants de progresser efficacement. Ses formations en ligne incluent des contenus captivants et des évaluations pour mesurer la compréhension et les avancées des participants. En outre, la start-up fournit des données précieuses pour optimiser l’expérience d’apprentissage.
Ainsi, Nelevat crée des programmes de formations numériques adaptés à chaque profil d’apprenants. Selon elle, « avec une bonne éducation et la bonne technologie, les personnes et les institutions d'aujourd'hui peuvent encore résoudre des problèmes difficiles et changer le monde pour le meilleur ».
Pacifique Nezerwa est diplômé de l’université de Kigali, au Rwanda, où il a obtenu un bachelor en technologie de l’information. Sa carrière professionnelle a commencé en 2019 chez Hamwenawe Group Ltd, une société de diffusion en ligne, où il était administrateur de données numériques. En 2022, il intègre la start-up logistique kényane Amitruck comme superviseur des dépôts au Rwanda.
En 2021, il travaille comme développeur web chez WKS Trading, une entreprise spécialisée dans le commerce, le transport maritime et l’expédition de fret. En 2023, il collabore avec DIFFvelopment, une organisation dédiée au renforcement des compétences des jeunes talents noirs, en tant que consultant en opérations.
Melchior Koba
Jeune entrepreneure, elle lutte contre la déscolarisation des enfants en Afrique. Elle propose des solutions éducatives innovantes basées sur la technologie.
Wiem Ben Mahmoud est une entrepreneure technologique tunisienne. Elle est la fondatrice et la présidente-directrice générale de KidzRise, une start-up dédiée à l’autonomisation des enfants en les aidant à contribuer activement à leur communauté.
Fondée en 2023, KidzRise utilise un système de détection basé sur l’intelligence artificielle (IA) pour identifier et développer les talents et aptitudes spécifiques des enfants âgés de 5 à 17 ans. Elle propose des programmes d’apprentissage numérique permettant de transformer ces talents en compétences concrètes et valorisables. La start-up récompense les succès des apprenants avec des badges et des certificats, visant ainsi à rendre l’apprentissage plus inclusif et équitable.
« Chez KidzRise, nous pensons que chaque enfant est doué. Chaque enfant a des capacités et des forces uniques qui le distinguent des autres. Notre mission est de découvrir et d’entretenir ces joyaux cachés, en veillant à ce que chaque enfant atteigne son plein potentiel et brille d’une manière qui lui est propre », peut-on lire sur le site web de la start-up.
Wiem Ben Mahmoud est diplômée de l’Institut des hautes études commerciales de Sousse, en Tunisie, où elle a obtenu en 2021 un bachelor en gestion d’entreprise et études commerciales approfondies. Elle détient également un master en gestion numérique et systèmes d’information, obtenu en 2022 à l’Esprit School of Business.
Elle a commencé sa carrière professionnelle en 2016 en tant que responsable des médias et de la communication pour le Festival international de Sousse. En 2020, elle a travaillé comme chargée d’études de marché chez Sarraj Immobilier, avant de rejoindre en 2021 la société VERMEG for Banking & Insurance Software, un éditeur de logiciels pour les banques, les marchés de capitaux et les compagnies d’assurance, en tant qu’analyste d’affaires.
Melchior Koba
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Le volume de déchets électroniques et électriques croît en Afrique chaque année. Réussir à leur donner une seconde vie peut contribuer à réduire la pression actuelle sur l’environnement, tout en créant de la richesse pour les jeunes.
Orange Moyen-Orient et Afrique (OMEA) et la coopération allemande (GIZ) annoncent le mercredi 13 novembre le lancement du projet « Master Repair ». Fruit d’un investissement conjoint de 2,85 millions d’euros, cette initiative propose des formations spécialisées dans la réparation d’appareils électroniques ainsi que dans l’installation et la maintenance de panneaux solaires ou de fibre optique. Les jeunes hommes et femmes du Maroc, de Tunisie, du Sénégal et d’Egypte, notamment les personnes en situation de handicap, sont ciblés.
Le projet est présenté comme une approche inclusive pour renforcer l'employabilité des jeunes et promouvoir la création de micro-entreprises dans les domaines de la réparation électronique et des technologies durables.
💫Fiers d'annoncer le lancement de "Master Repair" en partenariat avec @giz_gmbh
— Orange Africa & Middle East (@orangeafrica) November 13, 2024
Un projet ambitieux pour renforcer l’employabilité des jeunes et promouvoir la création de TPE dans les métiers de la réparation électronique et des technologies durables💻https://t.co/PGoKUqqTwk pic.twitter.com/WdgwzwK5X9
Selon Jérôme Hénique, directeur général d’Orange Moyen-Orient et Afrique, « ce partenariat avec la GIZ illustre notre engagement à accompagner les jeunes, notamment les femmes et les personnes en situation de handicap, vers une insertion professionnelle durable et un avenir économique plus inclusif. Ensemble, nous investissons dans des compétences qui non seulement créent des opportunités, mais renforcent également les bases d’une économie circulaire et résiliente pour demain ».
Master Repair est mis en œuvre dans le cadre du programme develoPPP, commandé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et soutenu par l’initiative spéciale « Un travail décent pour une transition juste ». Cette initiative s’inscrit dans la mission d’Orange Digital Center de promouvoir l’inclusion numérique et de soutenir le développement des compétences numériques pour l’emploi, en particulier chez les jeunes et les femmes.
D’après Market Research Network, la taille du marché mondial de la maintenance et de la réparation électroniques a été évaluée à 98,1 milliards $ en 2022 et devrait atteindre 142,7 milliards $ d'ici 2030, avec un taux de croissance annuel moyen de 4,5 % entre 2024 et 2030. Bien qu’aucune donnée ne présente la situation particulière de l’Afrique, il est tout de même juste de rappeler que ce marché porte des opportunités. Avec la majorité de la population vivant avec moins de 5 $ par jour selon la Banque mondiale, l’acquisition d’appareils neufs est le fruit de sacrifices. Les faire réparer en cas de panne s’avère donc moins coûteux que d’en racheter de nouveaux.
Accroître le nombre de jeunes dotés de compétences dans le dépannage électronique et la maintenance devrait aussi contribuer à mieux répondre aux besoins des ménages, ainsi qu'à ceux des entreprises. Une technicité qui permettra à des milliers de jeunes africains de générer du revenu.
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Les candidatures sont ouvertes pour la 2025 Google for Startups Growth Academy : AI for Cybersecurity, un programme hybride de trois mois destiné aux start-up, de la phase d'amorçage à la phase de démarrage, qui utilisent l'IA pour relever les défis de la cybersécurité. Les start-up sélectionnées bénéficieront d'un soutien sans prise de participation, d'un mentorat de la part d'experts de Google et d'outils leur permettant de s'étendre à l'échelle internationale. Le programme comprend des sessions de lancement et de remise des diplômes en personne, ainsi qu'un mentorat continu et des conseils techniques. Posez votre candidature avant le 3 décembre.
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Adili Group, société panafricaine de conseil aux entreprises de premier plan, offrant des services de secrétariat d'entreprise, d'externalisation des activités… a annoncé le lundi 11 novembre l'ouverture de son arène de formation à la cybersécurité (Cyber Training Arena). Basé au Kenya, l’infrastructure de pointe est dédiée à toute l’Afrique de l’Est. Elle a été conçue pour offrir aux organisations des simulations réalistes de cyberattaques.
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Diplômé en informatique et passionné par l’intelligence artificielle, il aspire à rendre l’éducation plus accessible en Afrique. Il a reçu de nombreux prix et distinctions pour ses réalisations.
George Boateng (photo) est un informaticien, ingénieur, éducateur et entrepreneur social ghanéen. Il est un cofondateur et le président-directeur général de Kwame AI, une start-up technologique visant à démocratiser l’enseignement des sciences et technologies en Afrique.
Fondée en 2022, Kwame AI (anciennement SuaCode.ai) est spécialisée en intelligence artificielle (IA). La start-up aide les apprenants, éducateurs, chercheurs et juristes à améliorer leurs performances et leur productivité. Elle propose EsqAI, un assistant juridique basé sur l’IA.
EsqAI est accessible via une application web et permet aux avocats et aux étudiants en droit des pays du Commonwealth de faire des recherches juridiques. Cet assistant combine la recherche sémantique et l’IA générative pour répondre instantanément aux questions des utilisateurs grâce à sa base de données et aux contenus qu’il agrège.
George Boateng est également conférencier à l’ETH Zurich, une université suisse reconnue pour son expertise en sciences et technologies. Avant Kwame AI, il a cofondé en 2014 la Nsesa Foundation, une organisation à but non lucratif promouvant l’innovation au Ghana, dont il a été président jusqu’en 2022.
George Boateng est diplômé du Dartmouth College aux Etats-Unis, où il a obtenu un bachelor en informatique en 2016. Il est aussi titulaire d’un master en ingénierie informatique de la Thayer School of Engineering at Dartmouth (2017) et d’un doctorat en apprentissage automatique obtenu à l’ETH Zurich en 2022.
En 2015, il a été ingénieur logiciel stagiaire chez Sapho, une entreprise américaine de logiciels, et en 2021, il a rejoint Amazon comme scientifique appliqué. Lors de son stage dans l’équipe Alexa Edge ML, il a travaillé sur la détection multimodale du sarcasme pour Alexa AI.
Son parcours a été reconnu à plusieurs reprises. En 2021, George Boateng a été nommé parmi les 35 innovateurs de moins de 35 ans par la MIT Technology Review. En 2022, il a été classé parmi les « Nouveaux Créateurs » d’IBM et en 2023, il figurait dans la liste des 30 under 30 de Forbes.
Melchior Koba
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Le gouvernement ghanéen multiplie les initiatives pour combler le fossé de compétences numériques dans le pays. L’exécutif a récemment révélé qu'il prévoyait de lancer un fonds de 5 millions $ pour promouvoir l’innovation technologique.
Ursula Owusu-Ekuful (photo à gauche), ministre de la Communication et de la Numérisation, a lancé la semaine dernière le programme « eSkills4Jobs » qui vise à doter plus de 5000 jeunes Ghanéens de compétences numériques essentielles. Ledit programme met l’accent sur les femmes issues de communautés marginalisées et les personnes en situation de handicap. Il est le fruit d’un partenariat entre le gouvernement, la Banque mondiale et le Ghana-India Kofi Annan Centre of Excellence in ICT.
« L’économie numérique est là pour rester, et nous devons nous assurer que personne n’est laissé pour compte. eSkills4Jobs mettra l’accent sur la mise en place de programmes de formation adaptés, de mentorats et de l’accès aux ressources pour permettre aux participants de développer des compétences pertinentes », a déclaré Mme Owusu-Ekuful.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’objectif du gouvernement ghanéen de former 1 million de jeunes aux compétences numériques de répondre à la demande de main-d’œuvre qualifiée dans un contexte de transformation numérique. Selon la Société financière internationale (SFI), 20 % des entreprises ghanéennes ne recrutent qu’à l’étranger pour les compétences numériques, principalement parce qu’elles ne trouvent pas de talents locaux qualifiés. La Banque mondiale estime qu’environ 625 millions d’Africains auront besoin de compétences numériques d’ici 2030.
Le gouvernement ghanéen estime que les compétences acquises à travers l’initiative « eSkills4Jobs » amélioreront non seulement l’employabilité individuelle, mais contribueront également à la croissance globale de l’économie ghanéenne. Des données de la Banque mondiale datant de 2022 montrent que 3,1 % de la population active ghanéenne est au chômage.
Isaac K. Kassouwi
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