Au cours de la dernière décennie, de nombreux investissements ont été réalisés par le gouvernement kényan pour faire du pays un carrefour technologique en Afrique de l’Est. Avec le nouvel élan pris, l’ambition est plus grande.
Le ministre kényan de la Jeunesse, de l’Innovation et des Technologies de l’information et de la communication, Joe Mucheru (photo), a lancé le plan numérique national 2022-2032 le mardi 12 avril, en marge du sommet Connected Kenya qui se tient du 10 au 14 avril à Diani. C’est la nouvelle boussole qui orientera les investissements du gouvernement en matière de transformation numérique au cours des dix prochaines années. Sa mise en œuvre est évaluée à 45 millions $.
Joe Mucheru a expliqué que « le plan directeur national du numérique guidera l'orientation de nos discussions vers un Kenya numérique transformé où la technologie joue un rôle central dans le développement économique ». Il a affirmé ne point douter « qu'avec la mise en œuvre réussie des programmes et projets identifiés dans le plan directeur, ce pays puisse être à la hauteur de sa réputation de Silicon Savannah en matière de TIC et de développement économique ».
D’ici 2032, le Kenya prévoit, entre autres, le déploiement de 100 000 km de fibre optique pour connecter 40 000 écoles et autres établissements d'enseignement, 20 000 institutions gouvernementales, 13 000 établissements de santé. Il compte également déployer 25 000 points d'accès Internet pour soutenir les jeunes et les innovateurs ; créer 1 450 pôles d'innovation numérique, deux usines de logiciels et deux autres pour la fabrication électronique, qui desserviront la région ; créer plus de 10 000 emplois pour les ingénieurs en logiciel.
Le plan directeur accorde une grande importance à la formation aux compétences numériques nationales. Il prévoit le renforcement des capacités de 20 millions de citoyens, 300 000 fonctionnaires, 10 000 professionnels. Sur le plan régional, il est convenu de la mise en place d’un hub sur les technologies futures et d’un autre dédié à la maintenance des câbles sous-marins.
Du côté de l'administration publique, l’automatisation et la numérisation accélérées des services publics, au niveau central comme dans les régions, sont prioritaires. Le gouvernement veut numériser plus de 5 milliards de documents administratifs avec pour finalité de mettre en œuvre un « guichet unique » pour les services publics.
Ruben Tchounyabe
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Fondateur de Sendy, une plateforme kényane d’e-logistique, Meshack Alloys s’est donné pour objectif de faciliter le commerce par le biais des nouvelles technologies. La start-up qu’il a lancée en 2015 est déjà présente dans plusieurs pays à travers le continent.
Dès l’âge de 13 ans, Meshack Alloys (photo) s’est passionné pour les nouvelles technologies. Il a commencé à apprendre la programmation informatique à la Laser Hill Academy et à l'Institute of Software Technology. Plus tard, il poursuit ses études à l'université de Nairobi et rejoint le College of Architecture and Engineering. À partir de 2008, il crée sa première start-up baptisée Merlloyds Technologies, qui sera rachetée plus tard par Multimedia Mobile Ltd, une agence publicitaire. En 2011, il crée une autre start-up de logiciels, MTL Systems, et se met au service des entreprises de logistique et transport et des institutions financières.
Le succès qu’il a rencontré avec la vente de son premier logiciel a été le véritable déclencheur de son intérêt pour le monde de l’entrepreneuriat technologique. « Le fait de gagner mon premier million a dû être mon "moment de vérité". J'ai su tout de suite que je voulais passer du temps dans l'espace technologique, et pas ailleurs. Pas seulement pour l'argent, mais aussi pour l'importance et l'impact de ce que je construisais », relate-t-il.
En 2015, il laisse MTL Systems pour fonder, avec ses collègues Evanson Biwott, Don Okoth et Malaika Judd, la start-up Sendy, après avoir constaté que le marché de la logistique était fragmenté et informel. Dès lors, il s’est donné pour objectif d’offrir une meilleure expérience utilisateur aux clients du secteur. Pour y arriver, il a misé sur les nouvelles technologies, avec une plateforme digitale pour la livraison du dernier kilomètre et les services logistiques. Sendy permet aux clients d'envoyer des colis à l'aide d'une application mobile qui les met en relation avec des conducteurs.
Ce qui a commencé au départ comme une plateforme de commande de petites livraisons à moto ou en tricycles, s’est rapidement développé pour proposer une autre échelle de livraison par camions et pick-up. La plateforme, qui réclamait quelque 30 000 utilisateurs en 2020, dessert le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Pour assurer l’expansion de Sendy, Meshack Alloys et ses collègues ont réussi à lever 20 millions de dollars en 2020 auprès de Toyota Tsusho Corporation et d’autres investisseurs. La start-up compte parmi ses clients de grands noms comme Unilever, DHL, Toyota, Jumia, Safaricom ou CFAO.
Cet investissement a permis d'accélérer la croissance des activités de Sendy. Fin 2021, Meshack Alloys a annoncé avoir acquis une part importante dans Kamtar, une start-up de logistique numérique présente en Côte d'Ivoire et au Sénégal. À court terme, l’entrepreneur ambitionne d’introduire progressivement Sendy en Afrique de l'Ouest, et d’étendre sa présence au-delà de ses opérations actuelles en Afrique de l'Est.
Aïsha Moyouzame
Pendant longtemps, divers acteurs publics ont déployé des plateformes de santé qui n'ont pas contribué à une prise en charge efficace des patients à travers le pays. Le gouvernement, de plus en plus préoccupé par la prise en charge inclusive des malades, est décidé à mettre fin à cette cacophonie.
Au cours d’une communication publique, samedi 9 avril, Khalid Ait Taleb (photo), le ministre marocain de la Santé et de la Protection sociale, a annoncé le lancement prochain d’un système national de santé en ligne (e-santé). Il permettra l’accès égal des citoyens aux dossiers de santé et autres services en ligne.
À travers la nouvelle plateforme, le gouvernement veut mettre fin au système fragmenté de santé en ligne existant, mis en œuvre par les hôpitaux universitaires, les autorités sanitaires régionales et les différents programmes nationaux de santé, a déclaré Khalid Ait Taleb. En effet, au niveau national, deux programmes possèdent des plateformes électroniques établies. Il s’agit du Programme national de santé maternelle et infantile et celui de lutte contre la tuberculose.
L’idée d’un système national intégré d’e-santé est une recommandation de l'Université Mohammed V de Rabat. Dans un rapport de synthèse sur la santé électronique au Maroc dressé par son Centre d'innovation en e-santé, l’institution académique a évalué le système national de santé, identifié les opportunités et les défis des solutions d'e-santé qui cadrent bien avec la stratégie de transformation numérique menée ces vingt dernières années par le gouvernement.
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale a souligné que les solutions innovantes de santé en ligne, pendant la crise de Covid-19, ont accru la résilience et la réactivité du système de santé du pays. Il a affirmé que la télémédecine et l'accès en ligne aux services de santé sont conformes au cadre légal du pays pour la protection des données personnelles et l'exercice de la médecine.
Ruben Tchounyabe
Créateur de richesses et d’emplois, le commerce électronique est une mine d’opportunités au potentiel encore mal exploité sur le continent. La mise en œuvre d’une véritable stratégie de développement est nécessaire pour permettre aux économies africaines d’en tirer le maximum de profit.
Durant la crise de Covid-19 en 2020, l’e-commerce s’est révélé indispensable pour la poursuite des activités commerciales à travers un monde en proie à diverses restrictions sociales. Les revenus mondiaux de ce segment qui s’élevaient à 3,351 milliards $ en 2019 sont ainsi passés à 4,248 milliards $ en 2020 selon Statista.
Bien que l’Afrique ait vu ses revenus du commerce en ligne croître de plus de 6 milliards $ pour se stabiliser autour de 27,97 milliards $ en 2020, ce chiffre (qui représente moins de 3 % de la valeur de l'e-commerce mondial) n’est que le reflet de la faible préparation du continent aux nouvelles opportunités du commerce.
Dans son rapport « E-Commerce and the Digital Economy in LDCs: At Breaking Point in COVID-19 Times » publié le 15 mars 2022, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) déplore la modeste performance mondiale de l’Afrique dans l’e-commerce à cause de divers facteurs négatifs.
Le manque d’intérêt politique ; l’accès difficile à Internet ; la fracture dans l'adoption des TIC et de la connectivité ; la faible capacité d’investissement dans la croissance des activités de commerce électronique ; les perturbations des chaînes d'approvisionnement et de la logistique commerciales ; le manque de protection des consommateurs et de concurrence loyale ; la culture persistante du paiement à la livraison sont les principaux freins au développement du e-commerce sur le continent qui sont soulevés par la CNUCED.
En observant l’indice du commerce électronique Business to Consumer (B2C) de la CNUCED, indicateur qui mesure la préparation d’une économie à s’engager dans le commerce électronique et à en tirer profit, l’Afrique occupe la dernière place depuis six ans. Cette position, la CNUCED incite les gouvernements du continent à la changer en adoptant des actions fortes qui leur garantiront des dividendes de l’économie numérique.
Depuis 2017, la CNUCED aide les pays à améliorer leur niveau de préparation au commerce électronique. A travers l'eTrade Readiness Assessments (eT Readies), elle les aide à évaluer et à corriger entre autres leur formulation de stratégies sur le commerce électronique, la qualité des infrastructures et services TIC, la logistique commerciale et la facilitation du commerce, les solutions de paiement, le cadre juridique et réglementaire, le développement des compétences et l’accès au financement.
Sur les 46 demandes d’accompagnement reçues en décembre 2021 par la CNUCED, dont 26 africaines, elle indique avoir réalisé 29 eT Readies dont 15 africains. Trois sont encore en cours de réalisation dont 2 africains. Onze demandes ne sont pas encore traitées dont 7 africaines.
Muriel Edjo
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Depuis 2020 la pandémie de Covid-19 a accéléré l’adoption des paiements numériques en Afrique. Les opérateurs de télécommunication renforcent leurs offres de services financiers pour faciliter les achats pour les populations.
La société de télécommunications Orange Egypt a signé un accord exclusif avec la société de paiement électronique Visa. L’accord annoncé sur le compte Twitter de l’opérateur télécoms, le mardi 12 avril, vise à fournir aux clients d’Orange Cash des solutions de paiements numériques exclusives par le biais de cartes bancaires virtuelles et physiques.
اورنچ مصر توقع اتفاقاً حصرياً مع شركة "فيزا" العالمية لتوفير حلول دفع رقمي مبتكرة وحصرية لعملاء محفظة "اورنچ كاش" لتسهيل إتمام جميع تعاملاتهم المالية بطريقة أسرع واكفاء واكثر أماناً.
— Orange Egypt (@Orange_Egypt) April 12, 2022
رقم التسجيل الضريبي
205-006-930 pic.twitter.com/jStfKmG5rZ
À travers ce partenariat d’une durée de cinq ans, Visa va lier ses services et produits au portefeuille Orange Cash. Cela permettra aux clients d’Orange Egypt d’effectuer des transactions d'achat en ligne et en magasin en utilisant les différents services de paiement de Visa, aussi bien au niveau national qu’international, à partir du portefeuille d'Orange Cash. Il permettra également de développer le service de code QR pour aider les commerçants à accepter les paiements à partir du portefeuille numérique.
Le partenariat avec Visa s’inscrit dans le cadre de la volonté d’Orange de « fournir à ses clients des fonctionnalités nouvelles et uniques pour faciliter leurs paiements quotidiens et leur faire gagner du temps et de l'énergie ». Pour Visa, l’initiative s'inscrit dans le cadre de ses plans visant à « diversifier les méthodes de paiement, à encourager les paiements numériques et à soutenir l'évolution de l'Égypte vers une économie sans numéraire ». La société avait signé en mai 2017 un protocole d’entente avec les autorités égyptiennes pour développer l'infrastructure nécessaire pour faire du pays un centre régional du paiement numérique.
Ce nouveau partenariat permettra aux clients d’Orange Egypt d'effectuer des transactions financières de manière simple, rapide, efficace et sûre. Il permettra également à l’opérateur d’attirer de nouveaux clients et d’améliorer sa position sur le marché du paiement numérique en Égypte. Visa Inc., quant à lui veut saisir « l’extraordinaire opportunité » que lui offre cette collaboration pour poursuivre ses ambitions de croissance.
Ce partenariat contribuera également aux efforts de l'État égyptien pour passer au cashless alors que pays est engagé depuis 2016 dans un processus de transformation numérique, qui s’est accéléré en raison de la pandémie de Covid-19.
Isaac K. Kassouwi
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Les trois pays comptent s’appuyer sur la blockchain The Open Network (TON) qui s'intègre avec le réseau social Telegram. Ils entrevoient à travers cette opération un moyen de stimuler davantage leur économie.
Le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo ont dévoilé, lundi 11 avril, leur intention d'adopter des solutions basées sur la crypto-monnaie et la blockchain pour stimuler leur progrès économique futur. The Open Network (TON) est la blockchain qu’ils ont choisie à cet effet. La RDC a également confirmé qu'elle envisageait une nouvelle crypto-monnaie nationale construite sur la blockchain TON.
TON s'est engagé avec les trois pays indépendamment pour une certaine durée et a pris l'initiative de leur fournir des solutions de crypto-monnaie et de blockchain. Ces pays entreprendront chacun une adoption progressive de cette crypto-monnaie.
S'exprimant sur la question, Minette Libom Li Likeng, la ministre camerounaise des Postes et Télécommunications a estimé que « le partenariat avec TON peut jouer un rôle fondamental dans l'écosystème numérique nationale pour dynamiser les solutions de paiement et l'inclusion financière via CAMPOST, l'opérateur postal public ».
Pour Léon Juste Ibombo, le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l'Économie numérique, « la République du Congo est sur cette voie depuis plusieurs années, ayant encouragé et assisté à l'adoption généralisée du paiement mobile à travers le pays. Il s'agit de la prochaine étape de ce voyage et nous pensons que TON est le bon partenaire pour faciliter cela ».
Désiré Cashmir Eberande Kolongele (photo), le ministre de l'Économie numérique de la République démocratique du Congo, quant à lui, a exprimé la fierté de son pays qui franchit une « étape pionnière en adoptant de nouveaux instruments économiques pour propulser notre future économie ».
L’intérêt des gouvernements camerounais, de la République du Congo et de la RDC pour la crypto-monnaie fait suite à l’attrait croissant que ces actifs financiers numériques suscitent, depuis environ 3 ans, auprès de la communauté tech et financière de chaque pays. Un attrait qui a amené la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale(Cosumaf) à s’engager depuis l’année dernière dans l’élaboration d’une réglementation sur ces devises numériques.
TON est une blockchain de troisième génération conçue à l'origine en 2018 par les frères Durov, les fondateurs de Telegram Messenger. Conçue pour traiter des millions de transactions en quelques secondes, la plateforme décentralisée veut développer des intégrations uniques avec l'application Telegram pour offrir à ses utilisateurs une expérience de blockchain transparente dans un format portable et familier.
En décembre dernier, Anouar Hassoune, directeur général et actionnaire de la West African Rating Agency (WARA), une agence de notation basée à Dakar et majoritairement contrôlée par le sud-africain Global Credit Ratings, suggérait l'adoption de la blockchain et de la crypto-monnaie par l’Afrique comme alternative pour pallier la difficulté de mobiliser des ressources et financer son développement et son économie.
Ruben Tchounyabe
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Déployée grâce à un financement de la Banque mondiale, la solution a été pensée pour susciter de la valeur entre tous les acteurs du secteur agricole. L’objectif qui lui est attribué est l’amélioration de la quantité et de la qualité de la production vivrière.
Le ministère de l'Économie numérique, des Télécommunications et de l'Innovation a lancé une plateforme numérique des services agricoles, jeudi 7 avril, dans la localité de Daloa. Baptisée AgriStore, la solution contribuera à améliorer la productivité des exploitants agricoles, à faciliter la mise en relation commerciale des acteurs de la chaîne de valeurs agricoles, en l’occurrence les producteurs, transporteurs, acheteurs, établissements financiers, et les populations.
« Notre secteur agricole n’a pas droit de rater l’introduction du numérique dans ses pratiques et chaîne de valeur », a mentionné le ministre de l’Économie numérique, Roger Félix Adom (photo, à gauche), lors de la cérémonie de lancement à laquelle ont assisté ses homologues de l’Agriculture et du Développement rural et de la Promotion de la bonne gouvernance.
AgriStore fournira des informations agro-météorologiques et du conseil agricole à ses utilisateurs, grâce à la collaboration de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER). Les informations sur les stocks de produits, leur localisation et les prix pratiqués seront quant à elles collectées par l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) dont les capacités opérationnelles ont été renforcées pour sillonner l’ensemble des zones couvertes par le projet, assure son coordonnateur, Adjoumani Boffoué.
AgriStore est conçue dans le cadre du Projet de solutions numériques pour le désenclavement des zones rurales et l’e-Agriculture (PSNDEA). Démarré en novembre 2018 avec le soutien de la Banque mondiale et financé à hauteur de 37 milliards FCFA (61,3 millions $) par un prêt de l’Association internationale de développement (IDA), ce projet vise à rendre l’agriculture ivoirienne performante et compétitive en coût de production et en qualité.
Des alertes sur le marché seront envoyées aux agriculteurs inscrits sur la plateforme sous forme de messages courts (SMS) et de messages vocaux, dans les langues les plus parlées dans les zones du projet. Ces messages porteront sur le riz, le maïs, le manioc, l’igname, la banane plantain, le karité, le poulet, la pintade et les produits maraîchers, a indiqué Aboul Karim Koné, le coordonnateur chargé des services numériques au sein du PSNDEA. Il a souligné que les services de la plateforme sont entièrement gratuits, depuis l’inscription jusqu’à son utilisation.
AgriStore couvrira dix régions administratives de forte production agricole que sont le Haut Sassandra, la Marahoué, le Bounkani, le Poro, le Tchologo, la Bagoué, le Kabadougou, le Folon, le Gôh et le Loh-Djiboua. Pour garantir son succès, le ministre de l’Économie numérique a insisté sur les investissements connexes qui doivent l’accompagner, notamment la connectivité rurale, la fourniture des services numériques aux communautés rurales, la réhabilitation des routes rurales.
Ruben Tchounyabe
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La plateforme numérique iTTS — lancée officiellement il y a plus d’une semaine par l’Association est-africaine de commerce de thé (EATTA), après deux années d'expérimentation — offre plusieurs avantages aux producteurs. Suivi en temps réel des opérations, accélération des paiements...
Les transactions sur la place de vente aux enchères de thé de Mombasa se font désormais en ligne à travers une plateforme électronique : iTTS (Integrated Tea Trading System). L'iTTS, dont le coût est évalué à 2,12 millions $, met fin aux interactions physiques entre commerçants de thé au niveau de la maison de vente aux enchères.
Le président de l'EATTA, Arthur Sawe, a affirmé que la plateforme, qui a été financée par l'Agence danoise de développement international (Danida), augmentera les bénéfices des agriculteurs et des concessionnaires en réduisant les coûts d'exploitation. Selon lui, « la numérisation vise à combler les lacunes des procédures actuelles, qui se font manuellement, y compris l'adhésion et le catalogage ».
Pour Morgens Strunge Lursen, conseiller à l'ambassade du Danemark au Kenya, « le lancement de l'iTTS est particulièrement excitant, car il aide à positionner un secteur critique pour la croissance et le succès futurs, en stimulant l'efficacité et en soutenant à la fois une traçabilité et un échange d'informations accrus ».
La maison de vente aux enchères de thé de Mombasa dessert le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie, le Malawi, le Burundi, l'Éthiopie, la RDC, le Rwanda, Madagascar et l'Ouganda. Le projet de numérisation a démarré en mai 2020, au début de la pandémie de Covid-19. Il a aidé l'industrie à répondre aux exigences de distanciation sociale conformément au protocole Covid-19. Les acheteurs pouvaient enchérir sur le thé dans le confort de leur bureau ou de leur domicile.
D'après Arthur Sawe, la numérisation réduira les coûts et le temps dans le cycle commercial du thé d'environ 65 %. Il passera de 45 à 60 jours actuellement à moins d'un mois. La numérisation accélèrera également les paiements.
Les utilisateurs n'auront besoin que de simples gadgets tels que les téléphones portables pour suivre le mouvement de leur thé dans les usines et les compagnies maritimes, et il a des fonctionnalités pour aider les revendeurs à analyser les tendances du marché dans le monde. Selon le secrétaire permanent chargé de la Communauté de l'Afrique de l'Est du Kenya, Kevit Desai, « la procédure manuelle implique des intermédiaires, des producteurs, des entrepôts, des courtiers, des acheteurs. Et les agriculteurs avaient peu à dire sur les prix de leur thé, mais le nouveau système est inclusif ».
Le directeur général de l'EATTA, Edward Mudibo, a déclaré que la plateforme garantira que les parties prenantes de la vente aux enchères de thé — agriculteurs, acheteurs et vendeurs — reçoivent des informations en temps réel sur ce qui se passe lors de la vente aux enchères, ce qui apportera de la transparence et renforcera la confiance dans le processus.
Ruben Tchounyabe
L'introduction des TIC a plusieurs objectifs, notamment réduire le temps de collecte et de traitement des données. L'opération, sous cette forme, offre plus de flexibilité à l'État dans l'usage des informations recueillies.
Les Seychelles procéderont au lancement de leur premier recensement national numérisé le 22 avril. Cet exercice vise à recueillir des données sur la population, les ménages et les électeurs, a déclaré le mardi 5 avril, la directrice générale adjointe du Bureau national des statistiques (NBS), Helena Butler-Payette. Par rapport aux années précédentes où le recensement était effectué en remplissant des formulaires, cette année cela se fera numériquement.
« L'un des plus grands changements dans la façon dont nous faisons des choses est dans la numérisation du recensement », explique Helena Butler-Payette, qui souligne par ailleurs que des sessions de formation ont déjà commencé, pour environ 500 agents qui feront du porte-à-porte pour mener les enquêtes.
Les Seychelles ont effectué six recensements depuis leur indépendance, le premier en 1977 ensuite un autre en 1987. Les recensements suivants (1994, 1997, 2002 et 2010) visaient à répondre à des besoins nationaux, en particulier la démarcation des frontières administratives. Selon le NBS, en décembre 2021, la population des Seychelles était de 99 728, soit un taux de croissance annuel de 0,8 % par rapport à 2020. Le recensement (qui a normalement lieu tous les 10 ans) était prévu pour 2020, mais en raison de la pandémie de Covid-19, il a été repoussé à 2022.
En plus des données sur la population et les ménages, les agents collecteront également des informations sur les électeurs. Mme Butler-Payette a expliqué qu'il est préférable d'utiliser les mêmes ressources maintenant et de réaliser les deux enquêtes plutôt que de dépenser de l'argent pour mener deux exercices à des moments différents, ce qui coûterait plus cher. C’est environ 904 000 $ que gouvernement investira dans ce processus.
Pour le NBS, l’introduction du numérique va permettre d’avoir les résultats beaucoup plus rapidement. « Auparavant, il nous fallait presque un an pour produire des rapports basés sur les données recueillies lors du recensement, mais cette fois, ça ne prendra que des semaines ou quelques mois », a relevé la directrice générale adjointe du NBS.
Ruben Tchounyabe
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En avril 2021, le gouvernement éthiopien s’est tourné vers la technologie pour garantir un suivi sécurisé des performances académiques des établissements d’enseignement secondaire. De nombreuses attentes sont placées dans ce projet.
IOHK, une entreprise américaine de recherche et d'ingénierie blockchain connue pour la plateforme Cardano, annonce le lancement de son projet d’identification numérique des étudiants éthiopiens dans deux mois.
Ledit projet contribuera à la vérification de l’identité des apprenants, des notes, à contrôler à distance les performances académiques des écoles. Des données qui contribueront à obtenir une vision claire sur la politique éducative nationale et à estimer son impact sur l’emploi dans tout le pays.
Selon John O'Connor, le directeur des opérations africaines de IOHK, « nous avons terminé la phase pilote et nous commençons à former les agents du ministère de l'Éducation sur les fonctionnalités et l'utilisation ». Le projet d’identification dont la première phase démarre en juin ciblera 800 000 élèves. IOHK va utiliser à cet effet sa solution basée sur la blockchain Atala Prism.
Le projet, débuté depuis avril 2021, s’inscrit dans le cadre de la stratégie Digital Ethiopia 2025 lancée en 2020 par le gouvernement pour transformer plusieurs secteurs d’activités stratégiques comme l’administration publique, la santé, l’agriculture ou encore l’éducation. À terme, l’identification numérique des élèves devrait toucher 3 500 écoles, 5 millions d'élèves et 750 000 enseignants comme prévu par l’accord signé entre le gouvernement éthiopien et IOHK.
John O’Connor, a souligné que ce projet pourrait susciter une « vague d'innovation blockchain de troisième génération à travers l'Afrique et le monde en développement, apportant des services vitaux à ceux qui n'étaient pas en mesure d'y accéder auparavant ».
Adoni Conrad Quenum
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En 2011, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne découvraient l’internet haut débit mobile grâce à la 3G. Dix ans plus tard, l’ultra haut débit fait ses débuts sur le continent. Alors que la quatrième révolution industrielle décolle, lever les obstacles qui empêchent la majorité de la population d’en tirer profit devient impératif.
L’Afrique est l'une des régions du monde où la technologie mobile a évolué le plus rapidement au cours des dix dernières années d’après plusieurs acteurs de l'industrie des télécommunications comme Ericsson ou encore l'Union internationale des télécommunications. Le passage de la 2G à la 3G, puis à la 4G, et enfin l’avènement de la 5G, ont mis relativement moins de temps en Afrique qu’en Europe et aux États-Unis où il a fallu attendre près de 20 ans.
A ce jour, 300 millions d’Africains accèdent aux opportunités qu’offre le web.
Avec la mutation rapide des réseaux mobiles, l’accès à Internet s’est démocratisé de manière soutenue. La connectivité fixe, longtemps seul apanage des foyers nantis et des cybercafés, a fait place à la connectivité mobile qui permet actuellement à plus de 300 millions d’Africains d’accéder aux nombreuses opportunités qu’offre le web. En 2011, on dénombrait moins de 100 millions d’utilisateurs d’internet.
Le passage de la 2G à la 3G, puis à la 4G, et enfin l’avènement de la 5G, ont mis relativement moins de temps en Afrique qu’en Europe et aux États-Unis où il a fallu attendre près de 20 ans.
Dans son rapport de mobilité de novembre 2021, Ericsson, indique que la technologie 4G représentait déjà 19% des abonnements mobiles à la fin de 2021 contre 43% pour la 3G et 32% pour la 2G. La 5G a déjà quelques abonnés, bien que négligeables pour le moment. Ces avancées enregistrées au fil de la dernière décennie sont le fruit des investissements conséquents consentis dès 2010 par les opérateurs télécoms dans l’infrastructure réseau.
Un boom au niveau des infrastructures
En 2021, l’Afrique disposait déjà de plus 170 000 tours de télécommunications. Plus de la moitié de ces infrastructures a été déployée par les opérateurs de télécommunication dans le but d’apporter les services télécoms, notamment Internet, au plus près des populations. Le reste est un investissement des towercos, entreprises spécialisées dans la construction et la gestion de tours télécoms. Dans le segment de la fibre optique, les opérateurs télécoms ont également déployé de nombreuses ressources pour améliorer la qualité des services offerte aux populations.
En tout, près 1,1 million de kilomètres de fibre optique parcourent déjà l’Afrique.
Aujourd’hui, le continent est déjà connecté à une vingtaine de systèmes sous-marins internationaux de fibre optique. De nouveaux câbles, à l’instar du Equiano de Google, du PEACE, du Ellalink, du 2Africa sont en cours de déploiement par des consortiums d’entreprises et seront prêts au service d’ici 2023. En tout, près 1,1 million de kilomètres de fibre optique parcourent déjà l’Afrique, selon la Société financière internationale (IFC). Près de 50% de cette infrastructure télécoms à haut débit est porté par des opérateurs privés tels qu’Orange, Liquid Telecom, Seacom, MainOne, MTN, ou Vodacom. L’autre moitié appartient aux Etats à travers des entreprises publiques.
Près de 50% de cette infrastructure télécoms à haut débit est porté par des opérateurs privés tels qu’Orange, Liquid Telecom, Seacom, MainOne, MTN, ou Vodacom. L’autre moitié appartient aux Etats à travers des entreprises publiques.
Pour renforcer davantage la qualité de la connectivité, les points d’échanges internet (IXP) ont été multipliés à travers le continent. Ces infrastructures qui réunissent différents fournisseurs d’accès Internet, notamment les opérateurs télécoms, qui échangent du trafic entre leurs réseaux de systèmes autonomes et améliorent ainsi la qualité locale de la connectivité, sont passées d’une dizaine en 2011 à 46 actifs dans 34 pays en 2020, selon l’Association africaine des points d’échange internet (African Association IXP). L’Afrique du Sud est le pays qui détenait le plus d’IXP, six ; suivie par la Tanzanie qui en avait quatre et le Nigéria trois.
Le satellite a aussi connu un regain d’intérêt des opérateurs télécoms qui y investissent massivement depuis les six dernières années afin d’élargir leur couverture réseau. Plus d’une centaine d’accords de service ont été signés à cet effet entre les opérateurs de téléphonie mobile et les opérateurs de services télécoms par satellites comme Eutelsat, Intelsat, Yahsat, SES, OneWeb, etc.
En tout, c’est plus de 15 milliards $ qui ont été injectés au cours des dix dernières années par les sociétés télécoms dans la modernisation et l’extension du réseau télécoms en Afrique afin de soutenir l’accès à Internet mobile à haut débit à travers lequel les populations accèdent aujourd’hui à une large gamme de services à valeur ajoutée.
Un monde de possibilités
Le haut débit, surtout mobile, a eu un impact significatif sur les conditions de vie de millions de personnes en Afrique. La multiplication des startups spécialisées dans des domaines stratégiques tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, la finance, la logistique, le commerce et le financement croissant qu’elles mobilisent chaque année depuis 6 ans, témoigne d’ailleurs du dynamisme que l’Internet a apporté dans ces différents secteurs.
Dans son « rapport sur la numérisation de l’agriculture africaine 2018–2019 », le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), organisme soutenu par plusieurs acteurs internationaux dont l’Union européenne, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), la Fondation Bill et Melinda Gates, révèle que 33 millions de petits agriculteurs et de pasteurs étaient déjà abonnés à des solutions d’agriculture numérique en Afrique en 2019 à travers 390 solutions numériques fournissant des services financiers, du conseil et de l’information, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, de l’accès au marché. 70% de ces acteurs produisaient déjà des recettes selon CTA qui estimait le chiffre d’affaires potentiel de l’agriculture numérique à plus de 5,3 milliards d’euros. L’organisme indique que c’est 200 millions de petits agriculteurs et pasteurs qui peuvent voir leur revenu s’améliorer d’ici 2030.
Dans son rapport « The High Tech Health: Exploring the E-health Startup Ecosystem Report 2020 », Disrupt Africa note que l’e-santé a connu un développement rapide en Afrique de janvier 2019 à juin 2020. Pour le seul premier semestre 2020, les startups engagées dans l’e-santé ont recueilli plus de 90 millions de dollars $ représentant la moitié des fonds alloués à ce secteur depuis cinq ans. La pandémie de coronavirus a également fait progresser à 56,5% le nombre de startups actives dans le domaine des technologies de la santé sur le continent de 2018 à 2020.
En 2020, 1 GB coûtait en moyenne plus cher que le revenu quotidien par habitant en Afrique subsaharienne.
Disrupt Africa indiquait par ailleurs qu’il y avait déjà 180 startups axées sur les technologies de la santé en activité sur le continent africain, proposant des soins à des millions de personnes. La Covid-19 a contribué à libérer le véritable potentiel de l’e-santé en Afrique, incitant de plus en plus de personnes à s’y orienter aussi bien pour l’information en rapport avec la santé de la reproduction, les consultations médicales, les prescriptions médicamenteuses, etc.
Internet, c’est aussi l’essor des réseaux sociaux qui ont contribué à une nouvelle forme de commerce en ligne, ainsi qu’à plus grande mobilisation pour la défense des intérêts communs. D'ici 2025, Google et la Société financière internationale (SFI) estiment dans leur rapport conjoint « e-Conomy Africa 2020 » qu’Internet associé au développement économique a le potentiel de contribuer pour 180 milliards $ au Produit intérieur brut de l’Afrique.
La data est un levier sur lequel il faudra compter pour atteindre les Objectif de développement durables (ODD) des Nations Unies.
Dans son rapport intitulé « Contribution économique du large bande, de la généralisation du numérique et de la réglementation des TIC. Modélisation économétrique pour l’Afrique » publié en 2019, l’Union internationale des télécommunications (UIT) soutient que l’accroissement du taux de pénétration du haut débit de 10% a comme incidence une augmentation de 2,5% du Produit intérieur brut (PIB) par habitant.
L’Union internationale des télécommunications soutient que l’accroissement du taux de pénétration du haut débit de 10% a comme incidence une augmentation de 2,5% du Produit intérieur brut (PIB) par habitant.
Avec la transformation numérique qui s’accélère à travers le continent et son impact sur le développement, Internet devient un service de base essentiel, au même titre que l’électricité et l’eau. En Afrique du Sud, le gouvernement réfléchit d’ailleurs à une allocation mensuelle gratuite de 10 GB de data aux domiciles.
Des défis persistent
Malgré les multiples progrès enregistrés depuis l’arrivée de la 3G, puis de la 4G en Afrique subsaharienne, des défis demeurent cependant encore en matière d’accessibilité. En 2020, 1 GB coûtait en moyenne 4% du revenu mensuel par habitant en Afrique subsaharienne. Si cela représente une baisse par rapport au 6,3% enregistré en 2016, la tendance à réduire ce coût doit se poursuivre. Selon GSMA, le taux de pénétration d’Internet mobile était de 28% en Afrique sub-saharienne en 2020, contre 46% de taux de pénétration du mobile.
Le taux de pénétration d’Internet mobile était de 28% en Afrique sub-saharienne en 2020.
Internet est davantage utilisé via des périphériques mobiles qu’à travers des périphériques fixes à cause du coût de l’outil de connexion. C’est également ce coût encore assez élevé pour la majorité des Africains qui freine encore l’adoption de l’Internet mobile. Dans son rapport de 2020 « From luxury to lifeline: Reducing the cost of mobile devices to reach universal internet access », l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) indique que le prix moyen d’un smartphone en Afrique est de 62 $. Soit 62,8% du revenu national brut mensuel par habitant contre 13% en Amérique latine et 16% en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. La Sierra Leone (265 $), le Burundi (52 $), le Niger (60 $) sont quelques-uns des pays où le Smartphone est considéré comme cher par l’A4AI. Le Botswana (26 $) est l’un des pays où il est le plus abordable. Des coûts qui ne découlent pas toujours des opérateurs télécoms et des vendeurs d’appareils mobiles. Conséquence de ce double obstacle, 53% des Africains vivant dans des zones couvertes par le haut débit mobile n’utilisaient toujours pas internet en 2020, d’après GSMA. Les populations rurales sont celles les plus touchées par cette réalité. Des questions auxquelles il est urgent de répondre sur cette décennie afin de donner accès à tous les Africains aux formidables opportunités offertes par la quatrième révolution industrielle.
Emiliano Toussou
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Présenté comme la première Venture Builder au Maroc et en Afrique, le « Moroccan Retail Tech Builder » a pour but d’aider les entrepreneurs à développer des solutions digitales innovantes dans le commerce.
La plateforme de digitalisation du secteur du commerce « Moroccan Retail Tech Builder » (MRTB) a été lancée officiellement le jeudi 7 avril. Elle vise à accompagner une centaine de porteurs de projets dans le développement de solutions digitales innovantes au profit des commerçants, à travers la mise en place d’outils digitaux simples et accessibles devant permettre aux bénéficiaires de se moderniser et de créer de la valeur.
Ryad Mezzour, le ministre de l’Industrie et du Commerce, qui présidait la cérémonie, a déclaré que « cette initiative amorce le virage digital d’un secteur vital qui a joué un rôle primordial pendant la crise sanitaire et représente l’un des maillons forts de notre économie ». Pour le président de l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), le secteur du commerce en tant que pilier de l’économie nationale et africaine témoigne déjà de changements qualitatifs considérables dans ses modes opératoires grâce au digital.
Hicham El Habti, le président de l'UM6P, souligne que « le flot d’idées et de potentialités en la matière nous interpelle sur la nécessité d’incuber, accompagner et accélérer les start-up et les porteurs de projets prometteurs dans le retail ». Le lancement de cet incubateur de start-up s’inscrit dans le cadre du plan de relance du secteur du commerce qui fait de la digitalisation un des leviers majeurs pour la montée en compétitivité dans le domaine.
Le projet, qui met en œuvre l’accélération de la transformation numérique, la généralisation des services numériques et la simplification des procédures et formalités administratives en faveur des usagers, fait écho aux réformes économiques et institutionnelles lancées par Sa Majesté le roi Mohammed VI et qui placent le capital humain au centre de leurs priorités.
Ryad Mezzour estime que cette Venture Builder permettra au commerçant de renforcer davantage son rôle en tant qu’acteur clé de la croissance économique du pays en se modernisant, pour développer son chiffre d’affaires et gagner en compétitivité tout en améliorant son offre au service du bien-être du consommateur marocain et de ses exigences.
Grâce au MRTB, souligne Hicham El Habti, l’impulsion apportée par l’UM6P à travers son campus de start-up StartGate pourra passer à une vitesse supérieure pour un développement socio-économique à fort impact. Pour sa part, Abdelhadi Sohib, secrétaire général de la Fondation OCP, a relevé que cette plateforme d’incubation et d’accélération va servir à faire de l’écosystème entrepreneurial national un espace de coopération, qui permet aux start-up de rester ouvertes à toutes les sources de connaissance ; et permettre de mettre en œuvre les processus créatifs pour le développement d’innovations utiles pour le pays et pour tout le continent africain.
Pour remplir sa mission, le MRTB lance le recrutement de 100 start-up qui bénéficieront de son offre d’accompagnement. S’étalant jusqu’en 2024, cette offre porte sur l’accélération, la création, l’incubation et la préincubation de start-up marocaines qui sont appelées à proposer des solutions digitales innovantes au service du secteur du commerce.
Ruben Tchounyabe
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Le gouvernement a annoncé plusieurs mesures dont la finalité est l'accélération des délais de traitement des dossiers des personnels de la fonction publique. Une nécessité au regard des lenteurs que dénoncent les fonctionnaires depuis de nombreuses années.
Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative Joseph Le (photo) a annoncé, lors d'un point de presse qu’il a donné le mercredi 6 avril à Yaoundé, une série de mesures tendant à dématérialiser et à simplifier les procédures de traitement des dossiers d’intégration dans la fonction publique. Joseph Le affirme qu’une première provision budgétaire constituée dans le cadre de l’exercice 2022 va permettre d’acquérir une application spécialement dédiée à l’authentification des diplômes.
Le ministre indique qu’il s’agit d’une plateforme collaborative regroupant le ministère de la Fonction publique, le ministère de la Santé publique, et les départements ministériels en charge des questions de l’éducation aux niveaux primaire, secondaire et supérieur. « En un clic, il me sera possible à partir de mon bureau d’obtenir toutes les informations sollicitées », explique Joseph Le. Qui annonce également la numérisation des pièces constitutives des dossiers d’intégration des lauréats des écoles normales dès la première semaine suivant la fin de leur formation.
Le Cameroun s’est certes doté il y a quelques années d’un Système informatique de gestion intégrée des personnels de l’Etat et de la solde (Sigipes) ; mais il n’est pas rare de voir des fonctionnaires en cours d’intégration attendre plusieurs années avant d’obtenir leur premier salaire. Une grève menée par les enseignants du secondaire, de janvier à mars, a perturbé le déroulement des cours. Les grévistes, à travers le mouvement On a Trop Supporté (OTS), dénonçaient les retards dans leur prise en charge et dans le paiement de certains émoluments.
En réponse à ce mouvement de mécontentement, le président de la République, Paul Biya, a alors instruit l'optimisation de la gestion des dossiers des fonctionnaires. Pour le ministre de la Fonction publique, le véritable goulot d’étranglement se situe au niveau de l’authentification des diplômes et de la délivrance de leurs équivalences. A cela s’ajoutent la constitution et l’acheminement des dossiers d’intégration par les lauréats des écoles normales.
Selon le gouvernement, les réformes annoncées participeront à réduire la durée du parcours du dossier d’intégration qui pouvait atteindre 25 à 30 mois avant de parvenir au niveau central. Le ministre affirme que les pièces constitutives des dossiers seront reçues en temps réel à Yaoundé au moment de leur numérisation dans les régions et que le double processus d’intégration et d’attribution du matricule est engagé concomitamment.
« Au regard de ce qui précède, nous sommes en droit de penser et même d’affirmer qu’au lieu de deux à trois ans, voire plus, le jeune lauréat sorti de l’ENS ou de l’ENSET ne devrait plus patienter que pendant 45 ou 90 jours, voire moins, pour se doter d’un numéro matricules et d’un acte d’intégration », a soutenu le ministre.
Ruben Tchounyabe
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Depuis 2019, les gouvernements africains s’activent pour accélérer la transformation numérique. Ils votent des lois dans le but de mettre en place un cadre approprié pour le développement du secteur du numérique.
Le gouvernement congolais a décidé, mercredi 6 avril, lors du Conseil des ministres, de la création d’une agence de développement de l’économie numérique. L’objectif est d'en faire le levier de l’action des pouvoirs publics en matière de transition numérique au Congo, en transformant la direction générale de développement de l’économie numérique en un établissement public à caractère administratif. Le projet de loi sera transmis au Parlement pour examen et adoption.
Léon Juste Ibombo (photo), ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, explique que « la transformation numérique de l’économie, objectif transversal, nécessite d’importants investissements, notamment en ce qui concerne les infrastructures, les réseaux, les équipements, les contenus et les usages ».
La pandémie de la Covid-19 a accéléré la transformation numérique dans le monde. Le Congo n’est pas resté en marge de cette révolution et depuis 2019, le pays a mené des actions dans le but d’amorcer le développement de son économie numérique. Entre autres, la création d’un Centre africain de recherche en intelligence artificielle (Caria) en février et la mise en place d’un cadre juridique pour les start-up devraient booster le secteur du numérique dans le pays.
La nouvelle agence congolaise, autonome en matière de gestion sera chargée de l’impulsion, de l’animation et de l’accompagnement des projets numériques, et elle permettra d’optimiser les choix d’organisation et d’implantation des nouvelles technologies sur le territoire national.
Adoni Conrad Quenum
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